Le conflit dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) pourrait bientôt entrer dans une nouvelle phase, avec l’ouverture de négociations directes entre le gouvernement congolais et le groupe armé M23. Cette avancée a été annoncée à l’issue d’un entretien entre les présidents Félix Tshisekedi et João Lourenço, médiateur de la crise, le 11 mars à Luanda. Le président angolais a confirmé que son pays allait établir des contacts avec le M23, dans le but de faciliter des discussions à Luanda pour parvenir à une paix durable.
L’initiative angolaise consiste à organiser des pourparlers directs entre Kinshasa et le M23 dans les prochains jours. Selon les autorités angolaises, ces négociations visent à trouver une solution définitive au conflit qui secoue l’est de la RDC depuis plusieurs années. L’Angola, jouant un rôle clé dans la diplomatie régionale, souhaite rapprocher les parties en conflit pour éviter une escalade supplémentaire des violences dans cette zone stratégique de l’Afrique centrale. Cette annonce survient dans un contexte tendu, marqué par des violences incessantes et des déplacements massifs de populations.
Le conflit en RDC, notamment dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, dure depuis plus de deux décennies, avec des groupes armés locaux et étrangers opérant dans la région. Le M23, groupe rebelle principalement composé de Tutsis, est accusé d’être soutenu par le Rwanda, ce que Kinshasa a toujours dénoncé. La situation s’est aggravée ces dernières années, avec de nombreux affrontements entre les forces congolaises et les milices rebelles. Le processus de Nairobi, lancé en 2022 sous l’égide de la communauté internationale, n’a pas permis d’aboutir à une solution pérenne, laissant la porte ouverte à de nouvelles initiatives diplomatiques, comme celle proposée par l’Angola.
Les négociations directes entre Kinshasa et le M23 pourraient marquer un tournant dans la résolution du conflit, si elles se concrétisent. Si elles aboutissent, elles pourraient permettre d’établir un cadre pour une paix durable, en clarifiant les questions de gouvernance, de sécurité et de décentralisation des pouvoirs dans l’est de la RDC. Toutefois, l’implication du Rwanda dans ces discussions reste une question épineuse, car Kinshasa a toujours insisté pour que toute négociation passe par Kigali, qu’il considère comme un acteur clé dans le soutien au M23.
La présidence congolaise a exprimé une position plus mesurée face à l’annonce de Luanda. Selon Tina Salama, porte-parole de Félix Tshisekedi, Kinshasa “prend acte” de l’initiative angolaise mais reste prudente quant à sa mise en œuvre. Le gouvernement congolais rappelle qu’un cadre de négociation existe déjà dans le cadre du processus de Nairobi, et insiste sur la nécessité de discuter avec le Rwanda. Cette divergence pourrait compliquer le processus et nuire à l’efficacité des négociations directes, d’autant plus que le M23, bien que soutenu par Kigali, n’a jamais accepté de négocier directement avec Kinshasa jusqu’à présent.
Le succès ou l’échec de ces négociations aura des répercussions importantes sur la stabilité de l’ensemble de la région des Grands Lacs. La poursuite des violences dans l’est de la RDC fragilise non seulement le pays, mais aussi la stabilité des pays voisins, notamment le Rwanda et l’Ouganda, qui sont également touchés par les flux de réfugiés et les attaques transfrontalières. En outre, l’issue de ce conflit pourrait redéfinir l’équilibre géopolitique en Afrique centrale, avec des implications pour les relations entre les puissances régionales et la communauté internationale.
Cette annonce intervient alors que deux événements diplomatiques majeurs se profilent à l’horizon : un sommet régional sur la RDC en Afrique australe, prévu pour le 12 mars, et une nouvelle réunion du Conseil de sécurité des Nations unies le 4 avril prochain. Ces rencontres pourraient renforcer la pression sur toutes les parties pour parvenir à un accord, ou au contraire, ajouter de nouvelles tensions selon l’évolution des négociations et des rapports de force régionaux.