Le 13 mars 2025, le Niger a décidé d’expulser trois dirigeants de sociétés pétrolières chinoises, marquant une nouvelle escalade dans les tensions entre les autorités de Niamey et les investisseurs chinois. Cette décision fait suite à des mois de mécontentement concernant la gestion des affaires pétrolières et les pratiques des entreprises chinoises opérant dans le pays, notamment en ce qui concerne le respect des réglementations locales. La mesure a été prise dans un contexte déjà tendu, avec une pénurie d’essence persistante pendant le mois de ramadan, exacerbée par le retrait de la licence d’exploitation d’un hôtel de luxe chinois.
Le gouvernement nigérien justifie cette expulsion par la violation de la loi sur le contenu local, essentielle pour le développement économique du pays. La raffinerie de Zinder, qui est la seule du Niger et gérée par la société chinoise Soraz, se trouve particulièrement dans le viseur des autorités. En effet, ses quatre comptes bancaires ont été saisis après un redressement fiscal, et son directeur général fait partie des trois responsables expulsés. Cette décision s’ajoute à celle du retrait de la licence de l’hôtel Soluxe, propriété d’une société chinoise, pour des pratiques jugées discriminatoires et non conformes aux régulations locales.
Cette décision intervient dans un contexte où les relations économiques entre la Chine et le Niger, autrefois considérées comme stratégiques, ont été marquées par des tensions grandissantes. Depuis plusieurs années, la Chine est un acteur majeur dans l’exploitation des ressources naturelles du pays, notamment dans le secteur pétrolier. Toutefois, le non-respect des obligations fiscales et les problèmes de gestion ont conduit à une réévaluation des contrats par le gouvernement nigérien. En novembre 2024, les autorités nigériennes avaient déjà menacé de sanctionner la raffinerie de Soraz, réclamant une avance supplémentaire sur les paiements des exportations de pétrole, une demande qui n’a pas été bien accueillie par les partenaires chinois.
Les perspectives à court et moyen terme ne sont guère favorables pour les entreprises chinoises opérant au Niger. L’expulsion de dirigeants et la saisie des comptes bancaires de Soraz signalent un durcissement des positions des autorités nigériennes, qui cherchent à préserver les intérêts nationaux face aux pressions économiques extérieures. Ce climat d’incertitude pourrait inciter d’autres investisseurs étrangers à reconsidérer leur présence dans le pays, tandis que la Chine pourrait être amenée à revoir ses stratégies d’investissement en Afrique, notamment en matière de transparence et de conformité avec les normes locales.
L’industrie pétrolière nigérienne, bien que récente, représente un secteur stratégique pour l’économie du pays. Cependant, son développement a été ralenti par plusieurs facteurs, dont des tensions diplomatiques et des difficultés logistiques. Le pétrole brut nigérien peine à quitter le pays à cause de l’insuffisance des infrastructures, comme l’oléoduc reliant le Niger au Bénin, qui a connu des retards importants. Cette situation a mis une pression supplémentaire sur les autorités nigériennes, les incitant à imposer des sanctions plus sévères pour garantir une meilleure gestion des ressources.
Des analystes du secteur pétrolier estiment que les récentes expulsions pourraient être un signal fort de l’intention du gouvernement nigérien de reprendre le contrôle de son secteur énergétique. Selon un expert du secteur, cette démarche pourrait favoriser l’émergence de nouvelles entreprises locales ou régionales, capables de mieux répondre aux exigences de développement durable et de gestion transparente des ressources naturelles. Toutefois, la stabilité de ces choix reste à confirmer, car des tensions accrues risquent de nuire à l’attractivité du pays pour les investisseurs étrangers.