Lors du sommet de l’East African Community (EAC) et de la Southern African Development Community (SADC), tenu à Harare le 17 mars, les ministres des Affaires étrangères des deux blocs régionaux ont présenté une « feuille de route complète » pour résoudre la crise dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Cette initiative, qui découle des recommandations des chefs d’état-major des deux régions, a pour objectif d’aboutir à une stabilisation de la situation sécuritaire en RDC. Le plan se décline en plusieurs phases avec des actions à court, moyen et long terme.
Le chef de la diplomatie kényane, qui présidait la réunion, a expliqué que cette feuille de route comportait des stratégies bien définies sur plusieurs horizons temporels. À court terme, dans les 30 jours à venir, les parties prenantes sont appelées à s’engager fermement en faveur d’un cessez-le-feu et à stopper toute expansion du territoire, notamment en ce qui concerne les groupes armés opérant dans la région. Il est également recommandé de renforcer les mécanismes de vérification de la Monusco, la mission onusienne en RDC, ainsi que ceux de la Conférence des Grands Lacs (CIRGL), et de déployer une équipe d’experts pour évaluer la situation sécuritaire. À moyen terme, soit dans les trois mois, le mandat de la force onusienne devrait être étendu pour sécuriser les zones du Nord et du Sud-Kivu, régions particulièrement touchées par les conflits.
La situation à l’Est de la RDC est marquée par des décennies de conflits armés impliquant divers groupes rebelles, dont le M23, qui occupent des territoires stratégiques dans l’est du pays. Ces tensions ont été exacerbées par des rivalités ethniques et des enjeux géopolitiques régionaux, notamment avec le Rwanda, accusé de soutenir certaines factions armées. Le rôle de la Monusco, déployée depuis 1999, a été souvent critiqué pour son inefficacité à protéger les civils et à garantir la stabilité. Le désengagement de cette mission dans certaines zones en 2024 a exacerbé l’insécurité et laissé un vide sécuritaire, justifiant l’extension de son mandat dans les nouveaux plans de la feuille de route.
Les ministres ont insisté sur la nécessité d’une solution politique durable pour résoudre ce conflit de longue durée. L’un des aspects majeurs de cette feuille de route est la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, mais cela dépendra des négociations entre les différentes parties en conflit, ce qui n’est pas encore concrétisé. En outre, le renforcement de la confiance entre les acteurs politiques et militaires sera un enjeu clé pour avancer vers une paix durable. Le déploiement de troupes et d’experts sur le terrain pourrait constituer un levier important pour une mise en œuvre effective, mais de nombreux obstacles demeurent, notamment le manque de volonté des groupes armés à se désarmer.
La mise en œuvre de cette feuille de route nécessite l’engagement de toutes les parties prenantes, y compris les acteurs politiques congolais, les pays voisins, et la communauté internationale. Cependant, la situation actuelle à l’Est de la RDC reste très complexe et les perspectives d’une stabilisation rapide semblent incertaines. Le soutien continu de la communauté internationale, notamment via l’ONU et les autres acteurs régionaux, est essentiel pour renforcer les mécanismes de médiation et de négociation, mais aussi pour garantir la mise en place d’une sécurité durable. Les décisions à venir, prises lors du sommet des chefs d’État, constitueront un test décisif pour l’avenir de cette initiative.
Bien que la feuille de route présentée à Harare ne soit pas encore officiellement adoptée, elle marque une étape importante dans la quête de paix pour la RDC. Un sommet des chefs d’État des deux blocs régionaux est prévu avant le 14 avril pour valider les mesures proposées. Les acteurs politiques et militaires devront ensuite s’engager dans un processus de mise en œuvre qui pourrait prendre plusieurs mois, voire années, avant d’aboutir à une véritable pacification de l’Est du pays. Les attentes sont élevées, mais les défis restent nombreux.
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The Joint EAC-SADC Ministerial Meeting is underway to review progress on the implementation of decisions… pic.twitter.com/O9x18jALIh
— East African Community (@jumuiya) March 17, 2025