Le 24 mars 2025, le Sénégal célébrait le premier anniversaire du gouvernement dirigé par Bassirou Diomaye Faye, accompagné de son vice-président Ousmane Sonko. Cette première année a été marquée par des décisions clés, annonçant une rupture avec le régime précédent. Parmi les mesures les plus symboliques figurent la fermeture des bases militaires étrangères, principalement françaises, la dissolution de l’Assemblée nationale et la réactivation de la Haute Cour de Justice. Ces décisions, qui traduisent une volonté de rétablir la souveraineté nationale, s’accompagnent d’autres engagements, tels que la renégociation des contrats pétroliers et gaziers, ainsi que la suspension des accords de pêche avec l’Union européenne.
Si des réformes importantes ont été entreprises, les défis économiques demeurent colossaux. Le gouvernement, confronté à une situation de précarité accrue et à des taux de chômage jeunes alarmants, doit désormais trouver des solutions pour relancer l’économie. L’inflation, la dette publique élevée et le besoin urgent de diversification économique pèsent sur la gouvernance de Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko. Le pays doit se préparer à attirer des investissements tout en renforçant des secteurs clés comme l’agriculture, l’industrie et l’innovation. Par ailleurs, le modèle de croissance durable, qui repose sur une plus grande autonomie économique, devient impératif pour réduire la dépendance vis-à-vis des bailleurs étrangers.
La gouvernance du duo Faye-Sonko s’inscrit dans un contexte politique marqué par un désir profond de rupture avec les pratiques des précédents régimes. Leur ascension a été possible grâce à un large soutien populaire et à une légitimité renforcée par des promesses de transparence et de justice sociale. Cette rupture se manifeste notamment par une politique de souverainisme économique, illustrée par les décisions de renégociation des contrats pétroliers et gaziers et la dénonciation des accords de pêche avec l’UE. L’objectif est clair : sortir le Sénégal de la tutelle économique extérieure, un pari ambitieux qui s’accompagne d’une remise en question des partenariats historiques avec les puissances occidentales.
Face à la lourdeur des défis économiques et sociaux, les perspectives à court et moyen terme pour le gouvernement Faye-Sonko se trouvent sous haute pression. La question de la souveraineté économique reste centrale, mais la manière dont le gouvernement gérera la transition vers une économie plus autonome déterminera le succès de son mandat. Le pétrole et le gaz, secteurs prometteurs, sont au cœur des stratégies de croissance, mais leur exploitation doit être maîtrisée pour éviter les dérives qui ont marqué d’autres pays riches en ressources naturelles. Les autorités devront également veiller à ce que les réformes sociales, en particulier pour les jeunes et les femmes, ne restent pas des promesses sans lendemain.
L’opposition, à travers des voix comme celle du Front pour la défense de la démocratie et de la République (FDR), critique vigoureusement la gestion du pouvoir actuel. Selon l’opposition, les réformes économiques sont insuffisantes et l’attention portée aux problèmes sociaux, comme l’emploi des jeunes, reste trop faible. Des accusations de licenciements abusifs et d’intimidations à l’encontre des opposants alimentent un climat politique tendu. De son côté, le parti au pouvoir, le Pastef, se heurte également à des critiques internes sur sa gestion et ses méthodes, accusé de diviser la population entre “bons” et “méchants”, une polarisation qui pourrait nuire à la cohésion nationale.
Les décisions prises par le gouvernement Faye-Sonko, notamment en matière de souveraineté et de gestion des ressources naturelles, doivent maintenant être traduites en actions concrètes. Cependant, l’une des questions cruciales reste la diplomatie extérieure du Sénégal. Les relations avec les partenaires traditionnels, notamment la France et l’Union européenne, devront être redéfinies dans un cadre plus égalitaire. En outre, l’effort pour stabiliser les finances publiques et convaincre les bailleurs de fonds internationaux sera décisif pour l’avenir économique du pays. L’un des grands enjeux du mandat à venir sera donc de concilier souverainisme économique et coopération internationale.