Le 23 mars, après plus de six mois de tensions post-électorales, le président du Mozambique, Daniel Chapo, a rencontré l’opposant Venancio Mondlane. Cette rencontre, qui s’est tenue au Centre international de conférence Joaquim Chissano à Maputo, a permis aux deux leaders de discuter des conséquences de l’élection présidentielle du 9 octobre dernier, dont les résultats ont été contestés par Mondlane. Ce dialogue, après une longue période de silence et de violence, représente un tournant significatif dans la crise politique qui secoue le pays depuis plusieurs mois.
Lors de cette rencontre, Venancio Mondlane a qualifié les échanges de « cordiaux, civils et fluides ». Selon lui, un accord a été trouvé sur trois points essentiels : la cessation immédiate de la violence, qu’elle émane de l’État ou des partisans des différents camps politiques ; l’instauration de soins gratuits et l’octroi d’indemnisations aux victimes de la crise post-électorale, ainsi qu’à leurs familles, ces violences ayant fait plus de 300 morts selon les organisations de la société civile ; et enfin, la libération des manifestants arrêtés dans le cadre des protestations liées aux élections. Si ces engagements semblent poser des bases de réconciliation, Venancio Mondlane demeure sous enquête pour incitation à la violence, ce qui restreint ses déplacements.
Les élections présidentielles du 9 octobre 2023 ont plongé le Mozambique dans une crise politique majeure, marquée par des accusations de fraude électorale et des violences entre partisans du gouvernement et de l’opposition. Venancio Mondlane, leader du principal parti d’opposition, a contesté les résultats, revendiquant sa victoire. Depuis, le pays a été témoin d’une escalade de tensions, avec des affrontements réguliers, des arrestations et des manifestations de rue. Ce climat de crise a exacerbé les fractures entre les partisans de Chapo et de Mondlane, créant une impasse qui a duré plusieurs mois. La rencontre du 23 mars marque donc une tentative de dépassement de cette division.
La rencontre entre Daniel Chapo et Venancio Mondlane pourrait ouvrir la voie à une stabilisation politique, notamment par la modification de la loi électorale, un sujet que le président a évoqué lors de son déplacement à Lichinga. Si une révision de la législation électorale peut apaiser les tensions, elle devra garantir des élections transparentes et équitables pour éviter de nouvelles contestations à l’avenir. Par ailleurs, le dialogue entamé pourrait encourager d’autres discussions entre le pouvoir et l’opposition, avec pour objectif de parvenir à une véritable réconciliation nationale, à condition que les engagements pris soient suivis d’actes concrets.
Du côté des entrepreneurs, la rencontre a suscité un certain espoir. Agostino Vuma, président de la Confédération des associations économiques du Mozambique, a exprimé son souhait de voir cet échange déboucher sur un « pacte pour la stabilisation du pays ». En effet, la situation politique instable a eu des répercussions sur l’économie mozambicaine, avec un climat d’incertitude ayant affecté les investissements et la confiance des acteurs économiques. Une issue positive à la crise pourrait permettre de relancer les projets d’infrastructures et d’attirer à nouveau des investisseurs étrangers.
Malgré les avancées annoncées, la réconciliation au Mozambique demeure un défi majeur. Si les deux leaders ont pu se rencontrer et échanger sur des sujets de fond, la mise en œuvre de leurs engagements reste incertaine. La libération des manifestants et l’indemnisation des victimes, par exemple, nécessitent une mobilisation concrète des autorités, tout comme la fin de la violence qui a marqué les derniers mois. Le chemin vers une stabilité durable dépendra également de l’évolution des relations entre les partis politiques et de la capacité du gouvernement à gérer les tensions internes sans recourir à la répression.