La Turquie continue d’afficher son opposition à l’entrée de la Suède et de la Finlande dans l’Otan. Et les critiques d’Ankara recueillent un certain soutien au sein de la société turque, y compris chez les opposants de Recep Tayyip Erdogan. Mais avec des nuances.
Tolga ne vote pas pour Recep Tayyip Erdogan. Chaque jour, cet ingénieur de 42 ans peste contre sa façon de gérer la Turquie, où le taux d’inflation est de 70%.
Mais en politique étrangère, notamment au sujet de la Finlande et de la Suède dans l’Otan, il donne raison au président turc.
Ces pays doivent nous donner de solides garanties. Au minimum, ils devraient extrader les membres du PKK qui ont participé à des crimes. Je n’arrive pas à comprendre leur conception de la liberté d’opinion. Avant d’envoyer des soldats turcs pour défendre ces pays en cas d’attaque, il faut d’abord qu’ils respectent nos propres sensibilités en matière de sécurité.
Le président turc accuse en effet Stockholm et Helsinski de soutenir le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe armé classé terroriste par la Turquie et par l’Union européenne, en accueillant certains de ses membres sur leur sol.
Ce lundi, Recep Tayyip Erdogan a également demandé aux deux pays nordiques, une nouvelle fois, de lever un embargo sur les ventes d’armes à la Turquie, décidé à l’automne 2019 en réaction à une opération de l’armée turque contre les forces kurdes en Syrie.
Ünal Çeviköz, ancien ambassadeur et député du principal parti d’opposition turc, le CHP, accuse aussi la Suède et la Finlande de « ne pas se montrer sensibles à la lutte de la Turquie contre le terrorisme ». En revanche, il critique la méthode du président Erdogan.
Il s’agit de problèmes dans les relations de la Turquie avec ces deux pays. Donc, la Turquie devrait exprimer ses attentes légitimes et tenter de trouver une solution dans le cadre de ses relations bilatérales. Cela ne lui apportera pas grand-chose de porter ces disputes au niveau de l’Otan. Dire « ils n’ont qu’à changer leurs politiques s’ils veulent qu’on les accepte dans l’Otan », c’est à mon sens une erreur de politique étrangère, une erreur tactique.
Au-delà du contentieux avec la Stockholm et Helsinki, les officiels turcs reconnaissent que l’élargissement de l’Alliance atlantique servirait les intérêts du pays. L’objectif d’Ankara est donc bien de trouver une solution diplomatique.