Le président malgache Andry Rajoelina et son homologue français Emmanuel Macron ont annoncé cette semaine la relance de la commission mixte concernant les Îles Éparses. Prévue pour le 30 juin prochain à Paris, cette réunion marque six ans après la dernière rencontre officielle sur le sujet. L’objectif est de discuter de l’avenir de ces îles, situées dans le canal du Mozambique et sous contrôle français, mais revendiquées par Madagascar. Cependant, Emmanuel Macron a précisé que la question de la souveraineté n’était pas à l’ordre du jour, privilégiant une forme de cogestion, un point de désaccord majeur avec les autorités malgaches.
Madagascar revendique ces îles depuis les années 1970, un droit soutenu par une résolution de l’Assemblée générale des Nations unies en 1979, appelant la France à engager des négociations. La ministre malgache des Affaires étrangères, Rasata Rafaravavitafika, considère la reprise des discussions comme un signe de progrès, bien que le transfert de souveraineté ne semble pas envisageable pour la France. Selon elle, chaque avancée dans les négociations est un signe de reconnaissance de la légitimité de la position malgache et un pas vers un partenariat respectueux des droits historiques de Madagascar.
Lors de sa visite d’État à Madagascar en avril 2025, Emmanuel Macron a réaffirmé la position française, excluant le transfert de souveraineté sur ces îles, mais proposant une cogestion. Cette décision a été perçue comme une solution intermédiaire, visant à apaiser les tensions tout en maintenant le contrôle français sur ces territoires stratégiques. Toutefois, cette approche est loin de satisfaire la diplomatie malgache qui continue de défendre une solution pleine et entière pour la restitution des îles, soulignant l’importance symbolique et géopolitique de cet archipel.
Le refus français a provoqué des réactions fermes au sein de l’opposition malgache. Hajo Andrianainarivelo, leader du parti MMM, a exprimé son mécontentement et a demandé à Andry Rajoelina de réaffirmer avec force la revendication de souveraineté. Selon lui, la question de la souveraineté des Îles Éparses est non négociable, et le peuple malgache ne saurait accepter un compromis qui ne respecte pas ce droit. L’opposition redoute également qu’une solution de cogestion ne fasse que légitimer une occupation prolongée de ces îles par la France.
Une autre voix dissidente au sein de l’opposition est celle du député Roland Ratsiraka, qui considère que les autorités malgaches ne devraient pas se précipiter pour obtenir la restitution des Îles Éparses tant que la gestion interne du pays reste problématique. Il craint que ces îles ne soient utilisées à des fins spéculatives, ce qui pourrait nuire à la souveraineté de Madagascar. Pour lui, la gestion des ressources naturelles et des zones protégées autour de l’île devrait d’abord être améliorée avant de se concentrer sur une revendication qui pourrait être mal gérée politiquement.
Les Îles Éparses, avec les zones maritimes associées, offrent à la France un contrôle stratégique sur une partie importante du canal du Mozambique, une route commerciale cruciale et riche en ressources halieutiques et gazières. Cette situation géopolitique place les îles au cœur d’enjeux économiques majeurs, tant pour la France que pour Madagascar. Le maintien du contrôle français sur ces territoires permet à Paris de renforcer son influence dans une région de plus en plus convoitée, notamment par la Chine et d’autres puissances mondiales. Pour Madagascar, récupérer la souveraineté sur ces îles serait une victoire sur le plan symbolique et stratégique, mais aussi économique.