Amnesty International accuse la Chine de fournir des armes aux paramilitaires soudanais, plus précisément aux Forces de soutien rapide (RSF). Cette allégation survient dans un contexte de violences exacerbées au Soudan, où les RSF sont impliquées dans des attaques dévastatrices à Khartoum et dans la région du Darfour. Selon le rapport de l’ONG, des bombes utilisées par ces paramilitaires sont de fabrication chinoise, un élément de preuve qui renforce l’accusation de Pékin dans ce conflit.
Les preuves avancées par Amnesty se basent sur l’analyse des débris laissés après des attaques menées par les paramilitaires. Ces armes, identifiées comme étant d’origine chinoise, ont été utilisées dans des bombardements dans des zones sensibles comme le Darfour et Khartoum. Amnesty International précise que ces équipements militaires auraient transité par les Émirats arabes unis, qui, selon l’ONG, ont violé l’embargo sur les armes imposé par l’ONU en livrant ces bombes aux RSF. Aymeric Elluin, chargé de plaidoyer pour l’ONG, souligne l’importance de cette découverte, qui met en lumière les réseaux indirects de soutien aux groupes armés.
Cette accusation s’inscrit dans un contexte géopolitique tendu, où les interventions étrangères au Soudan ont pris diverses formes. Depuis le renversement du dictateur Omar el-Béchir en 2019, le pays traverse une période de turbulences politiques et de violence. La guerre civile, exacerbée par l’implication de groupes paramilitaires, a engendré des milliers de victimes et des déplacements massifs. L’embargo sur les armes, imposé par l’ONU, visait à limiter les importations d’armement dans ce contexte de guerre civile, mais l’existence de circuits de contrebande a souvent mis à mal cette réglementation.
Les Émirats arabes unis ont immédiatement rejeté les accusations d’Amnesty, qualifiant les affirmations de l’ONG de “sans fondement”. Dans un communiqué publié par le ministère des Affaires étrangères émirien, le gouvernement a fermement nié toute implication dans la fourniture d’armements. Cette déclaration intervient alors que la Chine, pour sa part, a appelé ses ressortissants à quitter le Soudan “immédiatement”, une mesure qui semble être une réponse à la pression croissante sur Pékin dans le cadre de ce dossier.
Si la fourniture d’armements aux paramilitaires soudanais se confirme, cela pourrait avoir des répercussions majeures sur la politique internationale vis-à-vis du Soudan. En plus de renforcer l’isolement diplomatique des pays impliqués, cette situation pourrait conduire à des sanctions renforcées de la part des Nations Unies ou de puissances occidentales. L’implication indirecte de la Chine et des Émirats arabes unis dans ce conflit pourrait également remettre en cause leur rôle en tant qu’acteurs influents dans la région, particulièrement dans leurs relations avec les pays africains et la communauté internationale.
Les perspectives pour le Soudan restent incertaines. Tandis que la guerre civile continue de ravager le pays, la communauté internationale doit faire face à des choix difficiles pour influencer la situation sans aggraver la violence. L’escalade des tensions liées à ces accusations pourrait compliquer davantage les efforts de médiation pour une paix durable. La question des armements et de leur provenance continuera d’être un élément central des négociations futures, avec la nécessité d’une surveillance plus rigoureuse des embargos et des chaînes d’approvisionnement en armes.