Le Premier ministre guinéen, Amadou Oury Bah, a annoncé ce 12 mai 2025, lors de l’Africa CEO Forum à Abidjan, que l’élection présidentielle en Guinée se tiendra en décembre 2025, conjointement avec les élections législatives. Cette déclaration, bien qu’attendue, a été l’occasion pour le Premier ministre de détailler les principales échéances politiques à venir, dont la tenue d’un référendum constitutionnel programmé pour le 21 septembre 2025. L’événement marque un tournant important dans la préparation du pays pour le rétablissement de ses institutions démocratiques.
Amadou Oury Bah a également expliqué que le gouvernement guinéen est actuellement engagé dans un vaste processus d’enrôlement de la population sur le fichier de l’état civil et le fichier électoral. Cette initiative, selon le Premier ministre, constitue une étape clé dans le processus de refondation de l’État guinéen. Ces opérations visent à garantir la transparence et la crédibilité des élections prévues pour la fin de l’année 2025. L’annonce de ce calendrier témoigne de la volonté du gouvernement de renforcer les bases de la démocratie en Guinée après une période de turbulence politique.
Le calendrier électoral fixé par le gouvernement guinéen intervient dans un contexte politique tendu. Depuis le coup d’État de septembre 2021, la Guinée vit sous une junte militaire dirigée par le Colonel Mamadi Doumbouya. Bien que le pays se prépare à retrouver un système constitutionnel, des tensions persistent, notamment avec la société civile, des organisations de défense des droits de l’homme et certains partis politiques. Les tensions sont d’autant plus vives que plusieurs acteurs importants de la société civile, tels que Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah, sont toujours portés disparus depuis plusieurs mois, alimentant les inquiétudes sur la répression des voix dissidentes.
Malgré les tensions internes, le gouvernement guinéen met en avant des projets de développement ambitieux pour redorer son image à l’international. Parmi ceux-ci, le projet minier Simandou, considéré comme l’un des plus grands gisements de fer au monde, a été particulièrement mis en avant par Amadou Oury Bah. Le Premier ministre a annoncé que l’arrivée du premier train de fer au port de Morebaya est prévue pour le 25 novembre 2025. Ce projet pourrait permettre à la Guinée de retrouver sa place parmi les grands producteurs mondiaux de minéraux, avec des retombées économiques majeures pour le pays.
Autre axe phare du discours du Premier ministre : le secteur énergétique. Amadou Oury Bah a promis que d’ici 12 mois, les problèmes de production d’énergie en Guinée seront résolus. Plus ambitieux encore, il a déclaré que le pays pourrait devenir exportateur d’électricité si la demande locale, notamment des industries, ne consomme pas toute la production. Bien que ces promesses soient accueillies avec optimisme, la réalité sur le terrain pourrait être plus complexe, étant donné les défis infrastructures et de financement qui pèsent sur le secteur.
Cependant, derrière cette vision d’un avenir prospère, plusieurs zones d’ombre demeurent. Si les annonces sur le développement minier et énergétique sont prometteuses, elles ne masquent pas les inquiétudes persistantes liées à la situation politique. Le manque de transparence concernant les disparitions des membres de la société civile et la répression des manifestations contre le régime en place ne permettent pas de dissiper complètement les doutes quant à l’engagement du gouvernement à respecter les principes démocratiques. Le chemin vers des élections véritablement libres et transparentes semble encore semé d’embûches.
Le Premier ministre guinéen a certes tracé une feuille de route pour les mois à venir, mais l’avenir politique du pays reste incertain. La mise en œuvre des réformes électorales et la gestion des tensions internes seront des tests cruciaux pour la junte au pouvoir. Si la Guinée parvient à organiser des élections crédibles et à réaliser ses projets de développement, elle pourrait redonner espoir à une population meurtrie par des années d’instabilité. Mais, pour cela, il faudra aussi que les promesses de réconciliation et de justice soient concrètes et inclusives.