Tidjane Thiam a été réélu à la présidence du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) lors d’un congrès décentralisé organisé le mercredi 14 mai. Cette réélection intervient seulement deux jours après sa démission, une démarche visant à contrer une procédure judiciaire en cours qui remettait en cause sa légitimité à la tête du principal parti d’opposition ivoirien. Le choix de maintenir une candidature unique, avec Thiam seul sur les bulletins de vote, a permis de renforcer l’unité autour de sa personne, selon les observateurs du PDCI.
Le congrès a été décentralisé sur 45 sites à travers le pays, permettant aux militants de participer activement au scrutin. À Abobo, commune d’Abidjan, l’affluence était notable avec une participation enthousiaste des cadres du PDCI qui ont fait le déplacement pour voter. Tidjane Thiam, seul candidat, a remporté l’élection avec 99,77 % des voix, un score très élevé qui témoigne d’une large adhésion de la base militante. Kemi Yao, secrétaire de section, a souligné l’importance de cette candidature unique, la qualifiant de signe de solidarité au sein du parti.
La réélection de Tidjane Thiam survient dans un contexte juridique tendu. En décembre 2023, un recours avait été déposé devant le tribunal de première instance d’Abidjan par Valérie Yapo, une militante du PDCI. Elle contestait la première élection de Thiam à la tête du parti, arguant qu’à l’époque, ce dernier possédait toujours la nationalité française, ce qui le rendait inéligible selon les statuts du PDCI. Face à ce challenge, Tidjane Thiam a pris la décision stratégique de démissionner pour se représenter, tentant ainsi de couper l’herbe sous le pied de la procédure judiciaire et de rassurer ses partisans.
Cependant, bien que réélu à la présidence du PDCI, la candidature de Tidjane Thiam à la présidentielle d’octobre 2025 demeure incertaine. En effet, la justice ivoirienne a récemment ordonné sa radiation de la liste électorale, rendant ainsi son éligibilité contestée. De plus, les autorités politiques semblent peu disposées à entrer en dialogue pour résoudre cette impasse. Alors que Georges Ezaley, vice-président du PDCI, a de nouveau plaidé pour un « dialogue politique » en vue d’élections pacifiques, le porte-parole du gouvernement a rejeté cette proposition, affirmant que la question du dialogue avait été définitivement réglée en mars 2022.
Le retour de Tidjane Thiam à la tête du PDCI, bien qu’acclamé par les militants, pose un dilemme politique pour le parti et le pays. D’un côté, il cherche à préserver son unité interne en évitant toute division, de l’autre, la légitimité de sa candidature à la présidentielle reste suspendue à la décision des autorités judiciaires et politiques. Cette situation pourrait exacerber les tensions entre le PDCI et le pouvoir en place, d’autant que l’appel au dialogue reste lettre morte. Le futur immédiat du parti pourrait ainsi dépendre de l’évolution de cette crise institutionnelle.
À quelques mois de la présidentielle, la situation de Tidjane Thiam et du PDCI pourrait avoir un impact sur l’ensemble du climat politique en Côte d’Ivoire. Si la question de son éligibilité n’est pas rapidement résolue, cela pourrait entraîner des tensions supplémentaires, non seulement avec le gouvernement, mais aussi parmi les autres partis d’opposition. Un dialogue politique, bien qu’appelé de leurs vœux par certains, semble de plus en plus improbable, renforçant ainsi l’incertitude sur la marche des élections présidentielles.