L’ex-président zambien Edgar Lungu est décédé le 5 juin à Pretoria, en Afrique du Sud, à l’âge de 68 ans. Hospitalisé depuis plusieurs semaines dans une clinique privée, il était suivi pour une maladie rare de l’œsophage. La nouvelle a été confirmée par sa fille, Tasila Lungu-Mwansa, députée, qui a évoqué « une fin digne et discrète », sans toutefois dévoiler les causes exactes du décès.
Arrivé au pouvoir en 2015 après le décès en fonction de Michael Sata, Edgar Lungu avait été élu sous la bannière du Front patriotique. Pendant ses six années à la tête de l’État, il a misé sur les infrastructures, notamment routières, multipliant les emprunts à l’étranger, en particulier auprès de la Chine. Ce choix a conduit la Zambie au bord du gouffre financier, avec un défaut de paiement de sa dette en 2020, un premier sur le continent africain à l’ère post-Covid.
Militaire de formation devenu avocat, Edgar Lungu a aussi été critiqué pour ses atteintes aux libertés publiques. Sous son mandat, les opposants ont dénoncé des arrestations arbitraires, des médias muselés et un recul démocratique. Sur les questions de société, il assumait une ligne conservatrice et s’était notamment opposé à toute reconnaissance des droits LGBT+, qu’il qualifiait de « valeurs étrangères ».
Battu sèchement en 2021 par Hakainde Hichilema, Edgar Lungu avait reconnu sa défaite et permis une alternance pacifique, saluée sur le continent. Mais sa volonté de reprendre la main en vue de l’élection présidentielle de 2026 s’est heurtée à un mur juridique. La Cour constitutionnelle zambienne a récemment tranché : il n’était plus éligible, sa tentative de retour politique était donc compromise.
Figure clivante, Lungu laisse une image ambivalente. À la fois artisan d’une modernisation accélérée des infrastructures et acteur d’un endettement massif, il incarne pour certains la dérive autoritaire d’un régime autrefois populaire. Pour d’autres, il reste un homme d’État qui a su préserver la stabilité institutionnelle en acceptant sa défaite sans violence.