Plus d’une centaine de techniciens journaliers de la Minusca ont manifesté le 5 juin à Bangui pour protester contre ce qu’ils qualifient de licenciements abusifs. Ces ex-employés, qui travaillaient depuis parfois huit ans au sein de la mission onusienne, affirment avoir été remerciés sans justification ni compensation, et exigent la reconnaissance de leurs droits.
Rassemblés devant le siège de la mission à Bangui, les manifestants ont bloqué une partie de l’avenue Barthélémy Boganda, armés de banderoles, de casseroles et de slogans dénonçant l’injustice. Selon Thierry Bolobo, porte-parole du collectif, « plus de 176 personnes ont été licenciées sans aucun motif valable ». Le collectif réclame le versement d’indemnités prévues par le droit centrafricain, ainsi que des attestations prouvant leur emploi.
Ces revendications interviennent dans un climat de tension croissante entre les travailleurs locaux et l’administration de la Minusca. La mission affirme que les contrats des techniciens concernés étaient temporaires et régis par des règles onusiennes claires, ne prévoyant ni renouvellement automatique ni indemnités de fin de contrat. « Il ne s’agit pas d’une mesure arbitraire, mais d’une application rigoureuse des règlements des Nations unies », a défendu Joël Ndoli Pierre, porte-parole intérimaire de la Minusca.
Ce conflit intervient alors que la Minusca traverse une période de repositionnement stratégique en Centrafrique. Dans un pays encore marqué par une forte instabilité, la mission est appelée à réduire certains effectifs non essentiels. Mais cette gestion des ressources humaines, perçue localement comme brutale et opaque, pourrait ternir l’image d’une institution censée promouvoir la paix et la justice.
La suite du mouvement social reste incertaine. Le collectif a annoncé de nouvelles manifestations si aucune solution n’est trouvée rapidement. De son côté, la mission se dit ouverte au dialogue, mais uniquement « dans un cadre légal et respectueux des normes onusiennes ». Un bras de fer s’annonce, sur fond de divergence entre droit international et droit national, et d’un ressentiment croissant contre la perception d’un système jugé déconnecté des réalités locales.
Au-delà du cas des techniciens, cette affaire soulève une question plus large sur la place des employés locaux dans les opérations onusiennes. Leur statut précaire, leur faible reconnaissance institutionnelle et l’absence de recours efficaces en cas de litige nourrissent un malaise que les Nations unies ne pourront ignorer encore longtemps si elles veulent maintenir leur légitimité sur le terrain.