Le Nigeria a franchi une étape majeure dans son industrie pétrolière avec l’entrée en service du terminal onshore d’Otakikpo, situé dans le sud-est du pays. Il s’agit du tout premier terminal terrestre d’exportation construit depuis plus de cinquante ans. Cette infrastructure stratégique marque le retour du Nigeria dans le circuit mondial des exportations pétrolières onshore, longtemps négligées au profit des installations offshore.
Ce terminal, conçu par la société nigériane Green Energy International Ltd, affiche une capacité de pompage de 360 000 barils par jour. Pour sa première phase, l’investissement atteint 400 millions de dollars, avec une ambition à terme de porter le montant total à 1,3 milliard. Côté stockage, le site peut déjà accueillir 750 000 barils, extensible à 3 millions. L’initiative illustre la montée en puissance du secteur privé local dans le développement énergétique.
Ce projet s’inscrit dans une volonté de redynamiser les ressources terrestres du pays, longtemps mises en retrait face aux gisements en mer. Depuis les années 1970, le Nigeria s’est principalement tourné vers l’offshore, jugé plus rentable et moins exposé aux tensions communautaires. Or, les nouvelles conditions de sécurité et la nécessité de créer des circuits de production plus rentables redonnent aujourd’hui de l’intérêt à l’onshore.
À moyen terme, le terminal d’Otakikpo pourrait permettre au Nigeria de réduire sa dépendance aux infrastructures offshore souvent saturées ou obsolètes. Il ouvre aussi la voie à de nouveaux itinéraires d’exportation, notamment vers les marchés asiatiques et sud-américains, moins desservis par les terminaux en haute mer. Surtout, ce projet est vu comme un test pour d’autres investissements similaires sur le territoire nigérian.
L’inauguration de ce terminal survient alors que le gouvernement tente de regagner la confiance des investisseurs dans un contexte économique instable. En renforçant ses capacités logistiques internes et en misant sur des projets portés par des entreprises locales, Abuja espère améliorer sa compétitivité énergétique tout en créant de l’emploi dans les zones marginalisées. Reste à voir si la sécurisation des installations et la transparence de la gouvernance suivront.
Enfin, Otakikpo n’est pas qu’une infrastructure industrielle : c’est aussi un geste politique. Il symbolise une volonté de reprendre le contrôle sur l’exploitation et l’exportation des ressources nationales, avec un accent mis sur les capacités locales. Dans un pays souvent dépendant des majors étrangères, cette bascule progressive vers un modèle plus endogène sera un indicateur clé à surveiller dans les prochaines années.