À l’ouverture de la 4e Exposition économique et commerciale Chine-Afrique, le 12 juin à Changsha, Pékin a annoncé la suppression totale des droits de douane sur les exportations en provenance de 53 pays africains. Objectif affiché : stimuler les ventes africaines vers la Chine et réduire un déséquilibre commercial devenu structurel.
Jusqu’ici réservée aux 33 pays africains les moins avancés, l’exemption douanière est désormais étendue à la quasi-totalité des États du continent ayant des relations diplomatiques avec la Chine. Cette ouverture inclut désormais des économies intermédiaires comme le Maroc, l’Égypte, le Nigeria ou l’Afrique du Sud. L’Eswatini reste le seul exclu, en raison de sa reconnaissance diplomatique de Taïwan, point de tension majeur avec Pékin.
Cette décision intervient dans un climat commercial international tendu. Washington vient de durcir ses propres barrières tarifaires, imposant jusqu’à 50 % de taxes sur certaines importations africaines. Face à cette politique jugée hostile, la Chine se positionne comme un partenaire économique plus conciliant, misant sur la rhétorique d’une coopération Sud-Sud « gagnant-gagnant ».
En 2024, la Chine a enregistré un excédent commercial de 62 milliards de dollars avec le continent africain. En ouvrant davantage son marché, Pékin espère réduire cet écart, tout en renforçant son influence dans des régions où la concurrence avec les puissances occidentales s’intensifie. Cette mesure pourrait aussi offrir un nouveau souffle aux exportations africaines, souvent freinées par des obstacles tarifaires et logistiques.
Les pays les moins avancés, comme la Tanzanie ou le Mali, devraient également bénéficier de programmes de soutien technique et logistique : formations, accompagnement au marketing, aides à l’export. Un moyen pour Pékin d’éviter que seuls les poids lourds économiques africains ne tirent profit de cette réforme.
Cette initiative s’inscrit dans un projet plus large de refonte des relations commerciales. Un nouveau pacte Chine-Afrique est en préparation, censé inclure des mesures supplémentaires pour faciliter les échanges de biens, de services et de personnes. Pour Pékin, il s’agit d’approfondir une stratégie d’influence fondée sur la construction d’une « communauté de destin Chine-Afrique », concept cher au président Xi Jinping.