La Côte d’Ivoire et la Guinée ont lancé une opération conjointe de reconnaissance technique le long de leur frontière commune, avec pour objectif de finaliser sa délimitation. Cette étape cruciale intervient après l’adoption d’un tracé théorique par une commission mixte technique. Des équipes d’experts des deux pays sont désormais mobilisées pour collecter les coordonnées géographiques des points de passage, qui permettront d’affiner et d’officialiser la ligne frontalière.
Selon Diakalidia Konaté, secrétaire exécutif de la Commission nationale des frontières de Côte d’Ivoire (CNF-CI), les équipes ont entamé ce travail de terrain dès le 25 juin. Il s’agit de traduire sur le terrain le tracé convenu sur les cartes. La mission technique, installée depuis le 16 juin, va sillonner l’ensemble de la frontière pour établir les données nécessaires à la matérialisation définitive. Cette initiative s’inscrit dans une volonté commune de prévenir les différends fonciers et d’améliorer la gestion partagée des ressources naturelles.
La frontière entre la Côte d’Ivoire et la Guinée, comme de nombreuses limites héritées de la colonisation, reste en grande partie non matérialisée physiquement. Ce flou a régulièrement alimenté des tensions locales, notamment autour des terres cultivables, des sources d’eau et des zones forestières. Le cas du Liberia est évoqué à titre comparatif : là, la frontière terrestre, déjà tracée sous l’époque coloniale par la France, nécessite simplement une mise à jour technique, sans redéfinition majeure.
La démarche engagée entre Abidjan et Conakry vise clairement à réduire les sources de conflit à leurs frontières. L’absence de délimitation précise est à l’origine de nombreuses tensions communautaires, parfois exploitées politiquement. Une frontière clarifiée et reconnue de part et d’autre facilitera également la coopération transfrontalière dans des domaines comme la gestion de l’eau, des forêts, ou encore la circulation des personnes et des biens.
Cette initiative bilatérale s’inscrit dans le cadre plus large de la stratégie de l’Union africaine pour la délimitation et la matérialisation des frontières africaines, un chantier encore très inégalement engagé à travers le continent. En célébrant la Journée africaine des frontières à Gbapleu, village situé au carrefour entre la Côte d’Ivoire, la Guinée et le Liberia, les autorités ont rappelé l’enjeu majeur que représente une gestion apaisée des limites territoriales, encore trop souvent négligée.
Au-delà des considérations géopolitiques, cette délimitation est un levier de stabilité pour les populations frontalières, souvent confrontées à l’insécurité juridique sur leurs terres. La clarification des frontières permettra d’asseoir l’autorité des États, mais aussi de renforcer la planification du développement local, en fixant des repères clairs pour les investissements, la gouvernance et les services publics. C’est un pas discret, mais structurant, vers une intégration régionale plus cohérente.