Le président rwandais Paul Kagame a affirmé, lors d’une conférence de presse tenue le 4 juillet à Kigali, que les négociations conduites à Washington et à Doha au sujet de la crise dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) doivent être vues comme complémentaires. Il a salué la médiation américaine qui a abouti à un accord entre Kigali et Kinshasa le 27 juin, tout en soulignant que son application dépend avant tout des signataires, pas des garants extérieurs.
Dans son intervention, Paul Kagame a mis en garde contre les promesses non tenues, notamment concernant la neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Ce groupe, composé en partie d’anciens responsables du génocide rwandais de 1994, continue selon Kigali de menacer la sécurité nationale depuis la frontière congolaise. « Si la question des FDLR n’est pas réglée », a-t-il insisté, « alors le problème demeurera. » Le président a également souligné que l’accord prévoit un retrait des troupes rwandaises stationnées le long de la frontière, à condition que les garanties de sécurité soient respectées.
La déclaration de Kagame intervient dans un climat régional tendu, marqué par des décennies d’accusations mutuelles entre Kinshasa et Kigali. Le Rwanda est régulièrement accusé de soutenir le mouvement rebelle du M23, actif dans le Nord-Kivu. Ces accusations, relayées par plusieurs rapports de l’ONU, sont fermement rejetées par Kigali. De son côté, le gouvernement congolais peine à désarmer les groupes armés sur son sol et à asseoir son autorité dans les régions orientales.
Kagame a rappelé que les discussions menées sous l’égide du Qatar, impliquant le gouvernement congolais et les groupes rebelles comme l’AFC/M23, sont indissociables de celles de Washington. Il considère ces deux processus comme « les deux faces d’une même pièce », insistant sur la nécessité de traiter simultanément les dynamiques régionales et internes pour espérer un règlement durable. Le Rwanda, selon lui, ne peut garantir la paix sans une désescalade sur tous les fronts.
Le président rwandais s’est aussi attaqué au dernier rapport des experts onusiens, qui accuse son pays de soutenir militairement le M23 et de profiter illégalement des ressources minières congolaises. Kagame a qualifié ces allégations de contre-productives, affirmant qu’elles « nuisent à la résolution du problème » en perpétuant un récit biaisé qui empêche un dialogue constructif. Il a dénoncé une partialité des institutions internationales, qui selon lui, refusent de reconnaître les menaces auxquelles le Rwanda fait face.
Malgré la signature de l’accord à Washington, les perspectives de paix restent fragiles. Tout dépendra de la volonté des protagonistes de respecter leurs engagements, en particulier sur le démantèlement des FDLR et la fin des appuis extérieurs aux groupes armés. Si ces conditions ne sont pas réunies, Kigali prévient qu’il se réservera le droit d’agir pour sa sécurité. La stabilité régionale reste donc suspendue à des choix politiques à venir, autant à Kinshasa qu’à Kigali, mais aussi à l’implication sincère des acteurs internationaux.