Le Gabon s’apprête à accueillir son tout premier data centre 100 % africain. Le projet, porté par le groupe ST Digital Construction, sera implanté dans la Zone économique spéciale de Nkok, à une trentaine de kilomètres de Libreville. L’infrastructure, qui devrait être opérationnelle dans cinq mois, vise à renforcer la souveraineté numérique du pays et à poser les bases d’une économie digitale plus autonome.
Ce futur centre de données hébergera des services de cloud souverain, des solutions de colocation pour entreprises, ainsi que des plateformes numériques dédiées à des secteurs clés tels que la santé, la finance, l’éducation et l’administration publique. Au-delà de l’hébergement, l’objectif est de garantir un traitement local des données sensibles, de fiabiliser les services numériques du pays, et d’offrir aux entreprises un socle technologique sécurisé et localisé.
L’initiative s’inscrit dans un contexte plus large où la question de la souveraineté numérique devient cruciale pour les États africains. Longtemps dépendants des infrastructures étrangères, notamment européennes ou nord-américaines, de nombreux pays du continent amorcent une reprise en main de leurs flux de données. Pour le Gabon, qui multiplie les investissements dans l’économie numérique depuis la dernière décennie, ce projet marque une étape structurante vers une plus grande maîtrise technologique.
La mise en service du data centre devrait générer des emplois qualifiés dans le domaine de l’IT et de la cybersécurité. En parallèle, la formation de talents locaux est prévue afin de soutenir l’écosystème numérique national. À moyen terme, cette infrastructure pourrait également favoriser une meilleure inclusion technologique, en facilitant l’accès à des services numériques de qualité dans des zones jusqu’ici mal desservies.
Au-delà des promesses économiques, le projet soulève aussi la question de la gouvernance des données. Qui contrôlera l’accès aux infrastructures ? Comment garantir la sécurité des données publiques et privées dans un contexte régional encore fragile sur le plan réglementaire ? Le succès de ce centre dépendra en grande partie de la capacité du Gabon à établir des normes solides, à garantir la confidentialité des données et à protéger l’infrastructure contre les cybermenaces.
Ce data centre, s’il tient ses promesses, pourrait devenir un modèle pour d’autres pays africains en quête de solutions locales face à la centralisation mondiale des données. Mais il ne suffira pas d’infrastructures. Il faudra aussi un écosystème juridique, technique et humain à la hauteur. Le Gabon joue ici une carte stratégique, mais il reste à prouver que les ambitions affichées se traduiront sur le terrain.