Le président guinéen Umaro Sissoco Embaló a annoncé, vendredi 8 août, qu’il briguerait un second mandat à l’élection présidentielle du 23 novembre. L’annonce est intervenue lors de l’investiture de son nouveau Premier ministre, Braima Camará, nommé la veille après le limogeage du gouvernement de Rui Duarte de Barros.
Embaló a précisé qu’il se présenterait en tant qu’indépendant, sans l’appui officiel d’aucun parti politique, affirmant vouloir éviter d’être « un otage ». Il a toutefois indiqué que partis, associations et mouvements étaient libres de le soutenir. Les élections présidentielles et législatives se tiendront simultanément, dans un calendrier serré qui mettra à l’épreuve les capacités organisationnelles du pays.
Conformément au décret présidentiel n° 27/2025, Braima Camará a prêté serment à Bissau. Ce proche allié d’Embaló dans le passé, aujourd’hui rappelé aux affaires, a fixé trois priorités : garantir le bon déroulement du scrutin de novembre, assurer une rentrée scolaire fluide en octobre et améliorer la santé publique. Embaló lui a recommandé « d’écouter, d’être patient et d’écouter » pour mener à bien sa mission.
L’ex-Premier ministre Rui Duarte de Barros, décoré de l’ordre national de Colinas de Boé, a revendiqué avoir rempli sa mission de stabilisation politique. Il a affirmé que « 99 % des conditions » étaient réunies pour un scrutin réussi et a annoncé que le cahier électoral serait remis à la Commission électorale nationale le 15 août, afin de respecter la date fixée par le président.
La nomination de Camará et la candidature en indépendant d’Embaló s’inscrivent dans un contexte de recomposition des alliances. Les deux hommes ont longtemps milité ensemble au sein du MADEM-G15, formation née d’une scission du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), avant de s’éloigner après l’arrivée d’Embaló au pouvoir. Des divergences au sein de la majorité présidentielle avaient alors fragilisé leur relation.
En se lançant sans bannière officielle, Embaló prend un pari risqué dans un pays où les alliances partisanes jouent un rôle central. Sa décision pourrait séduire une partie de l’électorat lassée des querelles de partis, mais elle expose aussi à un isolement politique en cas de second tour disputé. Le choix de Braima Camará, figure expérimentée et déjà aguerrie aux rapports de force internes, pourrait toutefois constituer un atout pour sécuriser la gestion du processus électoral à venir.