La dépouille d’Alain Christophe Traoré, connu sous le nom d’Alino Faso, est arrivée à Ouagadougou le lundi 18 août 2025. Le cercueil du cyberactiviste, transporté par un avion militaire burkinabè, a été transféré à la morgue de Bogodogo sous les regards d’une foule nombreuse venue lui rendre hommage. Plusieurs membres du gouvernement ainsi que des personnalités judiciaires, artistiques et médiatiques étaient présents pour marquer l’importance de cet événement.
La cérémonie d’accueil du corps a rapidement pris une dimension politique. Les ministres des Affaires étrangères, de la Communication, de la Sécurité et de l’Administration territoriale ont tenu à être sur place, de même que le président du Tribunal de grande instance Ouaga 1. Leur présence visait à réaffirmer l’engagement des autorités à traiter la mort d’Alino Faso comme une affaire nationale. Dans la foule, beaucoup saluaient la mémoire d’un activiste décrit comme généreux et engagé pour la cause populaire.
Alino Faso avait été retrouvé pendu dans sa cellule à l’École de gendarmerie d’Abidjan le 24 juillet dernier. Si le procureur ivoirien Oumar Braman Koné a affirmé que le détenu vivait dans des « conditions privilégiées » et écarté toute idée de mauvais traitement, Ouagadougou rejette catégoriquement la thèse du suicide, dénonçant au contraire un « assassinat crapuleux ». Une information judiciaire a été ouverte en Côte d’Ivoire, mais elle n’a pas encore dissipé les soupçons et les tensions.

La mort du cyberactiviste a provoqué une crise ouverte entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Les autorités burkinabè ont convoqué la chargée d’affaires ivoirienne pour demander des explications, et le gouvernement a promis que « la mort d’Alino Faso ne restera pas impunie ». Cet incident survient dans un contexte déjà tendu, marqué par la rupture entre les pays de l’Alliance des États du Sahel (Burkina Faso, Mali, Niger) et la Cédéao, dont la Côte d’Ivoire est l’un des piliers.
Au-delà de la dimension diplomatique, l’affaire cristallise des colères internes. Alino Faso, figure des réseaux sociaux et voix critique des pouvoirs en place, est désormais perçu par une partie de la population comme un martyr de la lutte politique. Les autorités burkinabè, en encadrant de près ses obsèques, cherchent à canaliser cette émotion et à transformer ce décès en élément de mobilisation patriotique.
La suite dépendra des résultats de l’enquête judiciaire ouverte en Côte d’Ivoire, mais aussi de la capacité des deux pays à éviter l’escalade. Pour l’heure, Ouagadougou insiste sur la transparence et l’« obligation de vérité ». L’opinion, elle, attend des réponses claires et redoute que le dossier ne soit instrumentalisé dans un contexte régional déjà marqué par les rivalités politiques et sécuritaires.