En Somalie, trois anciens présidents ont adressé une lettre ouverte à l’actuel chef de l’État, Hassan Cheikh Mohamoud, l’accusant d’avoir illégalement vendu des terres publiques à Mogadiscio pour un projet immobilier privé. Cette décision a entraîné l’expropriation brutale de centaines d’habitants du quartier de Tarabuka, provoquant de violents affrontements qui ont fait au moins vingt morts selon la société civile.
Les forces de sécurité ont procédé à des évacuations forcées, déclenchant la colère des résidents. Les signataires de la lettre, parmi lesquels figure Mohamed Farmajo, président jusqu’en 2022, dénoncent une « corruption systémique » et un « pillage des biens nationaux ». Ils affirment que la vente viole plusieurs lois somaliennes, y compris la Constitution. Les victimes de l’opération pointent, elles, un enrichissement au sommet de l’État au détriment des plus pauvres.
Cet épisode s’inscrit dans un climat politique fragile, marqué par des décennies de conflits, de gouvernance instable et de corruption endémique. Les questions foncières, particulièrement à Mogadiscio, sont hautement sensibles : elles cristallisent les tensions entre l’État, les investisseurs privés et les populations marginalisées. Pour Hassan Cheikh Mohamoud, déjà critiqué pour son incapacité à stabiliser le pays face aux attaques d’al-Shabaab, ces accusations fragilisent davantage sa légitimité.
The looting of public land is a breach of the Somali constitution and national laws. In this joint statement with former Presidents @HESharifShAhmed and Abdiqasim Salad Hassan, we warn President Hassan Sheikh to refrain from this and return to the path of the law. pic.twitter.com/O6fjVrVyu7
— Mohamed Farmaajo (@M_Farmaajo) August 19, 2025
La contestation pourrait prendre une ampleur inédite. Certains analystes estiment que le président pourrait être visé par une procédure de destitution si les accusations sont juridiquement fondées. L’ancien Premier ministre Hassan Ali Khaire a publiquement dénoncé l’usage de l’armée « pour tuer les pauvres, sous les ordres directs du président », accentuant la pression sur le pouvoir en place. Le scandale ouvre ainsi la voie à une possible crise institutionnelle et à un durcissement des clivages politiques.
La société civile somalienne et plusieurs organisations de défense des droits humains réclament des enquêtes indépendantes. Abdirashid Hashi, chercheur à l’Institut Heritage pour les études politiques, considère cet épisode comme « sans précédent » dans l’histoire politique récente du pays. Pour lui, la dénonciation commune de trois anciens chefs d’État témoigne d’une rupture grave au sommet du pouvoir et d’un signal alarmant pour la stabilité démocratique en Somalie.