Le président français Emmanuel Macron reçoit ce mercredi 27 août à Paris son homologue sénégalais Bassirou Diomaye Faye. Cette rencontre officielle à l’Élysée, présentée comme un moment charnière, doit poser les bases d’un nouveau cadre de coopération entre les deux pays. Elle s’inscrit dans un contexte de recomposition des rapports entre la France et l’Afrique, marqué au Sénégal par le départ récent des dernières troupes françaises.
Au cœur des discussions figure le dossier mémoriel de Thiaroye, symbole des tensions encore vives autour de l’héritage colonial. Dakar réclame l’accès complet aux archives françaises relatives au massacre de décembre 1944, ainsi que la reconnaissance du véritable nombre de victimes. Pour les autorités sénégalaises, cette exigence n’est pas seulement un acte de justice envers l’histoire, mais aussi un test de sincérité de Paris dans sa volonté de bâtir une relation fondée sur la vérité et le respect.
La rencontre survient après une décennie marquée par une contestation croissante de la présence française en Afrique de l’Ouest et la montée en puissance d’autres partenaires, comme la Chine, la Turquie ou encore la Russie. Au Sénégal, la fermeture des bases militaires françaises illustre cette volonté d’affirmation souveraine. Dans ce climat, la visite de Bassirou Diomaye Faye à l’Élysée a valeur de signal : Dakar entend redéfinir ses priorités et imposer ses termes dans la relation bilatérale.
Les enjeux financiers occupent une place centrale. Le litige autour du financement du train express régional Dakar–Diamniadio, pour lequel l’entreprise Eiffage réclame environ 150 millions d’euros, devrait être abordé de front. Les discussions porteront également sur des secteurs stratégiques comme l’éducation, la santé et le développement durable, avec l’objectif affiché de construire un partenariat qualifié de « gagnant-gagnant », mais dont la traduction concrète reste à définir.
Au-delà des relations bilatérales, les deux présidents doivent échanger sur les crises régionales, notamment au Sahel et en Afrique de l’Ouest, ainsi que sur les grands dossiers internationaux. Cette rencontre ne se limite donc pas à un dialogue franco-sénégalais, mais s’inscrit dans une réflexion plus large sur la place de l’Afrique dans les équilibres mondiaux. En marge, Bassirou Diomaye Faye participera comme invité spécial à la réunion du Medef, où il pourra présenter les priorités économiques du Sénégal aux investisseurs français.
Cette visite pourrait inaugurer un nouvel élan dans les relations franco-sénégalaises, à condition que les promesses s’accompagnent d’actes concrets. Pour Dakar, il s’agit de vérifier si Paris est prêt à rompre avec une tradition de coopération souvent perçue comme déséquilibrée. Pour la France, c’est l’occasion de montrer sa capacité à adapter sa politique africaine face aux critiques et aux changements géopolitiques.