Emmanuel Macron a décidé, ce vendredi 10 octobre, de reconduire Sébastien Lecornu au poste de Premier ministre. Quelques jours seulement après sa démission, le chef du gouvernement reprend les rênes de Matignon. Ce choix, présenté comme un geste de continuité et de stabilité par l’Élysée, se heurte déjà à une vive hostilité de la part des principales forces d’opposition, qui promettent de déposer des motions de censure.
Tout au long de la journée, Emmanuel Macron a consulté les responsables politiques, à l’exception de La France insoumise (LFI) et du Rassemblement national (RN), écartés des discussions pour leur volonté affichée de provoquer une dissolution de l’Assemblée nationale. Le soir même, la décision est tombée : Sébastien Lecornu est maintenu à Matignon. Aussitôt, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, Jordan Bardella ou encore Fabien Roussel ont dénoncé une « humiliation démocratique », promettant d’unir leurs forces pour censurer le gouvernement. À droite, Éric Ciotti et ses alliés ont également appelé à la censure, isolant un peu plus l’exécutif.
Cette reconduction intervient dans un climat politique tendu, marqué par l’absence de majorité stable et la démission de Lecornu survenue cinq jours plus tôt, après l’échec de la formation d’un gouvernement d’union. Depuis plusieurs semaines, Emmanuel Macron tente de sortir de l’impasse parlementaire née des divisions internes de sa majorité et de la fronde des partis d’opposition. La chute de la Bourse de Paris et la méfiance des investisseurs, inquiets d’une éventuelle paralysie politique, illustrent la fragilité du moment.
J’accepte – par devoir – la mission qui m’est confiée par le Président de la République de tout faire pour donner un budget à la France pour la fin de l’année et de répondre aux problèmes de la vie quotidienne de nos compatriotes.
Il faut mettre un terme à cette crise politique…
— Sébastien Lecornu (@SebLecornu) October 10, 2025
En confiant de nouveau Matignon à Sébastien Lecornu, Emmanuel Macron fait le choix de la fidélité plutôt que du compromis. L’Élysée lui aurait donné « carte blanche » pour former une équipe gouvernementale capable d’incarner le « renouvellement » promis, tout en maintenant le cap budgétaire fixé par le chef de l’État. Lecornu, de son côté, affirme vouloir « mettre un terme à la crise politique » et « offrir un budget à la France d’ici la fin de l’année ». Mais sans majorité claire, la promesse s’annonce difficile à tenir.
Du Parti socialiste à Horizons, les réactions oscillent entre prudence et rejet. Pierre Jouvet, du PS, a assuré qu’il n’existait « aucun accord » avec le Premier ministre sur une éventuelle non-censure, tandis qu’Édouard Philippe et ses proches hésitent à soutenir le gouvernement sans y participer. Même au sein du camp présidentiel, certaines figures, comme Agnès Pannier-Runacher ou Gabriel Attal, ont exprimé leurs réserves face à une décision jugée « incomprise ». Cette crispation politique se traduit par une impression d’isolement croissant autour d’Emmanuel Macron.
Le gouvernement Lecornu II devra désormais affronter une série de motions de censure qui s’annoncent dès la semaine prochaine. Si l’une d’elles venait à être adoptée, la dissolution de l’Assemblée nationale deviendrait inévitable, ouvrant la voie à de nouvelles élections législatives. Dans l’immédiat, le Premier ministre tente de rallier une majorité d’appoint pour éviter un nouveau blocage. Mais la reconduction d’un chef de gouvernement déjà rejeté par une grande partie de la classe politique pourrait accentuer la fracture entre le pouvoir et les Français.