Dans un message-porté du 23 janvier dernier que SBBC a pu authentifier auprès de sources de sécurité, le directeur de la surveillance du territoire à la Délégation générale à la sûreté nationale (DGSN) alerte ses collaborateurs de la région du Sud-Ouest sur des « préparatifs du Nigeria en vue de la reconquête de la péninsule de Bakassi avec projections d’attaques sérieuses par des militaires nigérians sur le territoire camerounais ». Pour le directeur de la surveillance du territoire, le Nigeria voisin pourrait tenter de reprendre les localités de Kombo Abedimo, Kombo Etindi et Idabato, « en vue entre autres d’établir l’ancienne appellation de certaines localités en langue nigérianes ». Ce haut responsable du renseignement précise que ces attaques pourraient avoir lieu en février, « soit deux semaines avant l’élection présidentielle au Nigeria prévue le 25 février ».
Cette alerte fuite sur la place publique au moment où les tensions se multiplient à la frontière entre le Cameroun et le Nigeria. Il y a quelques semaines, les autorités nigérianes ont officiellement remis en cause le tracé de la frontière avec le Cameroun. Abuja a porté l’affaire auprès de la Cour internationale de justice, à la Haye, notamment au niveau de la « borne 8 » qui se trouve dans la région de l’Extrême-Nord. « Dans le cas de la borne 8, nous avons toujours soutenu qu’il y avait une erreur dans les coordonnées de ce point. Et nous avons demandé à nos homologues, nos frères camerounais, de nous aider à comprendre comme dans de précédents cas où il y avait eu des erreurs dans les coordonnées données par la CIJ (Cour internationale de justice) », avait déclaré il y a quelques mois Adamu Adaji, le directeur général de la Commission des frontières nationales du Nigeria.
Sur le terrain, Yaoundé et Abuja font respectivement face à des mouvements sécessionnistes adossés à la frontière. Des informations que SBBC n’a pas été en mesure de confirmer de manière indépendante font état de ce que l’armée camerounaise aurait arrêté il y a quelques jours, un leader sécessionniste nigérian dans la péninsule de Bakassi. Princewill Chimeze Richards du Biafran Nations League aurait été arrêté à Atabong East le 25 janvier dernier.
Quoi qu’il en soit, Abuja n’a pas jusqu’ici pas confirmé ou démenti ses nouvelles prétentions sur la péninsule de Bakassi.
La guerre de Bakassi éclate au début des années 90 entre le Cameroun et le Nigeria. À ce moment, les autorités nigérianes revendiquent leur souveraineté sur cette péninsule. À Abuja, les autorités militaires poussent pour une récupération par la force de cette partie du territoire. Des affrontements sont enregistrés en 1993, 1994 et 1996. Yaoundé va choisir la voie diplomatique pour porter l’affaire à la Cour internationale de justice dans un premier temps. Il s’agira pour La Haye de préciser le tracé de la frontière fait par les anciennes puissances coloniales, l’Angleterre pour le Nigeria et l’Allemagne pour le Cameroun. C’est en 2002 que La Haye rend son verdict et confirme la souveraineté de Yaoundé sur Bakassi. Au Nigeria, certains n’ont jamais accepté cette décision.
Source: Sbbc