Le président de la transition burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, s’est rendu le 15 juin au Centre national d’entraînement commando (CNEC) de Pô, au sud du pays, pour adresser un message clair aux soldats mobilisés dans la lutte contre le terrorisme. Devant les Forces combattantes du Centre-Sud, il a salué les victoires obtenues et insisté sur la nécessité de rester en alerte permanente. « Vous avez réussi à repousser l’ennemi, mais il ne faut pas baisser la garde », a-t-il lancé.
Traoré a exhorté les soldats à intensifier les patrouilles dans les zones boisées afin d’empêcher toute tentative d’infiltration. Il leur a également demandé de s’interroger sur le sens de leur engagement. « Nous ne nous battons pas pour le plaisir. Nous défendons notre terre, notre avenir et notre dignité », a-t-il affirmé. Le chef de l’État a insisté sur le caractère existentiel de ce combat : selon lui, il ne s’agit pas d’une guerre choisie, mais d’une guerre imposée.
Dans une posture offensive, Ibrahim Traoré a martelé qu’aucune négociation ne serait engagée avec les groupes armés. « Le Burkinabè ne pactisera jamais avec son ennemi », a-t-il déclaré avec fermeté, avant d’ajouter : « Nous allons nous battre, et nous allons triompher. Ceux qui sont venus pour nous attaquer mourront ici. » Une ligne dure, qui s’inscrit dans la continuité de son discours souverainiste, où le refus de tout compromis est présenté comme une garantie d’indépendance nationale.
Depuis sa prise de pouvoir en septembre 2022, le capitaine Traoré a placé la lutte antiterroriste au cœur de sa politique. Son discours de Pô renforce l’image d’un chef de guerre déterminé à reconquérir le territoire national et à redonner au Burkina Faso le contrôle de ses ressources. Ce positionnement s’appuie sur un rejet explicite des interventions étrangères et des solutions diplomatiques, jugées inefficaces, voire nuisibles.
Le président a aussi dénoncé certaines pratiques jugées dangereuses, comme l’utilisation du téléphone portable en zone de combat, qu’il considère comme une menace directe pour la sécurité des unités. « Ces comportements coûtent des vies », a-t-il averti. Il a menacé d’exclusion les soldats qui ne respecteraient pas les consignes, rappelant que la discipline est un impératif absolu en contexte de guerre.
En conclusion, Ibrahim Traoré a appelé les Forces de défense et de sécurité à jouer un rôle moteur dans le renforcement du lien avec les civils. Selon lui, la cohésion entre l’armée et la population est une condition essentielle pour espérer une victoire durable. Plus qu’un discours militaire, son intervention à Pô s’apparente à une déclaration de principe : celle d’un État qui entend reprendre l’initiative et ne plus céder aucun terrain, ni sur le plan militaire, ni sur celui de la souveraineté.