Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a annoncé son intention de réviser l’accord d’association économique signé avec l’Union européenne (UE) en 2005. Lors d’une déclaration faite le 27 janvier, il a appelé à un partenariat « gagnant-gagnant », jugeant l’accord actuel inadapté aux réalités économiques de l’Algérie. Cette initiative, bien que présentée comme économique, porte également une forte connotation politique.
En vigueur depuis près de deux décennies, cet accord a permis à l’Algérie d’exporter principalement du gaz et du pétrole vers l’Europe, tout en important massivement des produits manufacturés. Toutefois, les nouvelles ambitions industrielles et agricoles algériennes rendent ce modèle obsolète selon Alger. Désormais, l’Algérie aspire à limiter ses importations européennes tout en renforçant ses exportations, notamment dans le secteur agroalimentaire.
Depuis plusieurs années, les échanges entre l’Algérie et l’UE se sont dégradés. Alors qu’en 2015, les exportations européennes vers l’Algérie s’élevaient à plus de 22 milliards d’euros, elles ont chuté à environ 15 milliards en 2023. Cette baisse s’inscrit dans un contexte de tensions politiques, marqué par des désaccords sur le Sahara occidental, les droits humains et les libertés fondamentales en Algérie.
La révision de l’accord pourrait intensifier les tensions entre les deux parties. Bruxelles a déjà entamé une procédure de règlement des différends en juin dernier, dénonçant les obstacles posés par Alger aux exportations européennes. Du côté algérien, cette démarche est perçue comme une opportunité pour affirmer son autonomie économique et rééquilibrer une relation jugée trop désavantageuse.
Au-delà des aspects économiques, les tensions se cristallisent autour de questions sensibles. Le Parlement européen a récemment adopté une résolution appelant à la libération de l’écrivain Boualem Sansal et d’autres prisonniers d’opinion en Algérie. Cette position alimente les soupçons d’ingérence européenne et complexifie davantage les négociations entre les deux partenaires.
Avec cette révision de l’accord, Abdelmadjid Tebboune semble vouloir envoyer un double message : non seulement l’Algérie est prête à défendre ses intérêts économiques, mais elle est également capable d’exercer une pression significative sur l’Europe. Reste à voir si cette stratégie aboutira à un accord équilibré ou si elle renforcera davantage les divergences entre Alger et Bruxelles.