En Gambie, l’une des principales associations de victimes de l’ère Yahya Jammeh se dit profondément « choquée » par les choix du président Adama Barrow de nommer la semaine dernière deux anciens alliés de son prédécesseur à la tête du Parlement. Des nominations controversées alors que ces deux personnalités sont clairement opposées à toutes poursuites judiciaires à l’encontre des auteurs de crimes.
Sous une chaleur étourdissante et devant une bonne partie des médias gambiens, Sheriff Kijera, le directeur du centre des victimes, prend la parole. Installé sous une tonnelle blanche, et entouré de plusieurs victimes du régime de l’ancien président Yahya Jammeh, le directeur lit la lettre envoyée au président Adama Barrow.
« Monsieur le président, c’est avec un choc profond et un sentiment de trahison douloureux que le centre pour les victimes a appris votre nomination de Fabakary Tambong Jatta et Seedy Njie au sein du Parlement. »
La parole est donnée ensuite à deux victimes. Khemeseng Jammeh était en prison en 1997 lorsqu’il a été élu au Parlement, à l’époque dominé par les mêmes figures qui refont surface aujourd’hui.
« C’est très surprenant qu’Adama Barrow aient pris la décision de nommer de telles personnes, qui ont à répondre à de nombreuses questions concernant les violations des droits de l’homme. »
Abdoulie Bojang pour sa part évoque l’agenda des derniers jours. Et y voit un manque de respect vis-à-vis des victimes. Lui qui a perdu son fils Lamin lors d’une manifestation étudiante, le 10 avril de l’an 2000. « Si le fils d’Adama Barrow avait été tué un 10 avril, on ne ferait pas des élections ces jours-là. Je sais qu’il ne ferait pas ça. Alors pourquoi est-ce qu’il le fait maintenant ? Est-ce qu’il essaie de nous provoquer ? »
Contacté ce vendredi après-midi, le cabinet du président Adama Barrow dit ne pas avoir reçu la lettre pour l’instant.