Les tensions entre Air France et les pays de l’AES (Mali, Burkina Faso, Niger) ont mis en lumière les lacunes stratégiques de la compagnie. En s’alignant sur les choix politiques français, Air France a temporairement quitté ces marchés clés, offrant aux pays africains une opportunité inédite de rééquilibrer leurs relations avec le transporteur.
La stratégie d’Air France, souvent perçue comme éloignée des réalités locales, a fini par agacer une clientèle africaine pourtant fidèle. Tarifs jugés excessifs, services à bord manquant de considération pour les spécificités culturelles, et politique commerciale déséquilibrée : autant d’éléments qui ont alimenté un sentiment d’injustice. Les tarifs vers l’Afrique, souvent supérieurs à ceux d’autres destinations plus lointaines, sont devenus symboles d’un modèle économique contesté.
Depuis des décennies, l’Afrique est un pilier du développement d’Air France, mais elle a souvent été considérée comme un marché captif. Cette dépendance historique a longtemps conduit à une absence de concurrence véritable, permettant à la compagnie française d’imposer ses conditions. Cependant, les récents événements en AES démontrent que cette situation est en train de changer, notamment grâce à la montée en puissance de concurrents agiles et mieux adaptés aux attentes des voyageurs africains.
L’expérience de l’AES doit servir de signal pour tous les États africains. En prenant appui sur cette nouvelle configuration, les pays africains pourraient exiger des garanties plus solides en matière de qualité, de tarification et de services. Ce rééquilibrage des relations pourrait également encourager Air France à adapter son offre et à reconsidérer ses priorités pour maintenir sa présence sur un marché de plus en plus compétitif.
L’absence momentanée d’Air France en AES a permis à des compagnies concurrentes de s’imposer, modifiant durablement le paysage aérien régional. Ces acteurs, qu’ils soient africains ou internationaux, ont prouvé qu’ils étaient capables d’ajuster leurs fréquences, de proposer des tarifs compétitifs et de mieux répondre aux attentes des passagers. Cette évolution démontre que l’Afrique est désormais un marché dynamique, où la fidélité des voyageurs se gagne par la qualité du service, et non par l’héritage historique.
L’enjeu dépasse les frontières de l’AES. Tous les États africains doivent profiter de cette situation pour redéfinir leurs relations avec Air France et d’autres compagnies internationales. Il ne s’agit pas d’adopter une posture conflictuelle, mais de poser des exigences claires et légitimes. Ce moment charnière pourrait permettre de replacer l’Afrique au centre des priorités stratégiques d’Air France, en valorisant le poids économique et stratégique du continent.