Lors des célébrations de l’Aïd el-Fitr, la fête marquant la fin du Ramadan, les leaders de la communauté musulmane de Winnipeg ont abordé un projet qui pourrait transformer le paysage religieux local : la construction d’une mosquée francophone dans le quartier historique de Saint-Boniface. Ce projet, porté par l’Association islamique du Manitoba, répond à une demande grandissante de la communauté musulmane francophone, dont le nombre a considérablement augmenté ces dernières années.
Le rassemblement de l’Aïd el-Fitr a réuni près de 450 membres de cette communauté à Winnipeg, un chiffre qui témoigne de l’ampleur de la participation francophone aux événements religieux. Cheikh Ould Moulaye, porte-parole de l’Association islamique du Manitoba, a exprimé sa satisfaction face à la participation croissante des musulmans francophones, soulignant que la nécessité de créer un espace de prière dédié en français est désormais évidente. La croissance démographique de la communauté musulmane, en particulier dans la capitale manitobaine, justifie l’idée d’une mosquée spécifiquement francophone.
La population musulmane au Manitoba connaît une croissance rapide, doublant tous les huit ans selon les données de Statistique Canada. Cette dynamique touche également la communauté musulmane francophone, qui s’est consolidée au fil des années. Saint-Boniface, un quartier à forte identité francophone, apparaît comme le lieu idéal pour cette mosquée, en raison de la présence d’une large communauté d’immigrants et de francophones. Un tel projet pourrait répondre à des enjeux sociaux et culturels en offrant un espace où les musulmans francophones pourraient prier, se rencontrer et s’intégrer plus facilement.
Le projet de mosquée francophone vise à offrir un lieu de rassemblement quotidien pour la prière, mais aussi à favoriser une meilleure intégration des nouveaux arrivants dans la société manitobaine. Cheikh Ould Moulaye a souligné que cette mosquée servirait de point de ralliement pour les musulmans francophones, qui peinent parfois à trouver des espaces adaptés à leurs pratiques religieuses et linguistiques. Un tel projet renforcerait les liens communautaires et offrirait une réponse aux besoins spécifiques des membres de la communauté.
Des membres de la communauté, comme Fallou Cissé, originaire du Sénégal, ont exprimé leur enthousiasme et leur soulagement face à cette initiative. Cissé, qui n’a pas pu participer à des prières collectives en raison du manque de lieux adaptés, considère ce projet comme une véritable opportunité pour les musulmans francophones de Winnipeg. Selon lui, la possibilité de prier en groupe dans une langue commune, en l’occurrence le français, est un facteur d’unité et de solidarité qui permet aux membres de la communauté de se sentir davantage intégrés et soutenus.
Le projet de mosquée francophone à Winnipeg s’inscrit dans un mouvement plus large d’affirmation de l’identité religieuse et culturelle des musulmans dans cette région. La construction de cette mosquée pourrait devenir un symbole de la reconnaissance de la diversité religieuse et culturelle du Manitoba, tout en offrant un espace sûr et adapté aux besoins spirituels et communautaires des musulmans francophones. En répondant à ces besoins, ce projet pourrait également servir de modèle pour d’autres communautés francophones en Amérique du Nord.