Les gouvernements du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont officiellement formé une confédération entre leurs États lors d’un sommet inédit à Niamey ce samedi. Ce rassemblement, le premier du genre, a réuni les présidents de l’Alliance des États du Sahel (AES), une organisation fondée en septembre 2023. L’objectif déclaré de cette nouvelle confédération est de renforcer l’intégration entre les trois nations, représentant un total de 72 millions d’habitants.
La formation de cette confédération marque une étape cruciale vers une intégration plus poussée des États membres. Selon le communiqué final du sommet, les dirigeants visent à mutualiser les ressources et les efforts dans des secteurs stratégiques tels que l’agriculture, l’eau, l’énergie et les transports. Une banque d’investissement de l’AES devrait également voir le jour. Cette décision fait suite à leur départ de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qu’ils accusent d’être manipulée par la France, leur ancienne puissance coloniale.
En janvier dernier, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont annoncé leur retrait de la CEDEAO, dénonçant son instrumentalisation par des puissances étrangères. Le coup d’État du 26 juillet 2023 au Niger, qui a porté le général Tiani au pouvoir, a considérablement détérioré les relations entre la CEDEAO et les pays de l’AES. La CEDEAO avait imposé de lourdes sanctions économiques au Niger, menaçant d’intervention militaire pour rétablir le président déchu Mohamed Bazoum. Bien que les sanctions aient été levées en février, les relations restent tendues.
Le général Tiani a clairement affirmé lors du sommet que les trois nations avaient “irrévocablement tourné le dos à la CEDEAO”. Il a appelé à faire de l’AES une alternative souveraine aux regroupements régionaux dominés par des puissances étrangères. Le capitaine burkinabè Ibrahim Traoré et le colonel malien Assimi Goïta ont également souligné l’importance de cette nouvelle alliance dans la lutte contre le terrorisme, affirmant que leurs armées opéraient en complémentarité totale face aux menaces jihadistes.
Les membres de l’AES ont adopté la souveraineté comme principe directeur, évinçant les soldats français et se tournant vers des partenaires comme la Russie, la Turquie et l’Iran, qualifiés de “partenaires sincères”. Le Niger a également poussé les troupes américaines à quitter son territoire, tandis que le Mali a mis fin à la mission de l’ONU, la Minusma. Cette réorientation stratégique reflète une volonté de se libérer de l’influence des puissances occidentales et de renforcer leur indépendance.
En plus de la coopération militaire, la confédération vise à mutualiser les moyens dans divers secteurs stratégiques. La présidence de cette nouvelle entité a été confiée au Mali pour un an. Cependant, la question de la monnaie commune et d’une éventuelle sortie du franc CFA n’a pas été abordée dans le communiqué final, laissant cette question cruciale en suspens pour l’instant.