Bertrand Mendouga a été élu président de la confédération africaine de boxe amateur (AFBC) en juillet 2022. A l’approche des premiers Championnats d’Afrique organisés depuis 2017, le Camerounais fait le point sur la situation de l’AFBC et de son sport sur le continent. Entretien.
Bertrand Mendouga, les Championnats d’Afrique organisés du 9 au 18 septembre au Mozambique sont les premiers depuis cinq ans. Pourquoi une si longue attente entre Brazzaville 2017 et Maputo 2022 ?
Bertrand Mendouga : Effectivement, les derniers Championnats d’Afrique ont eu lieu à Brazzaville, en 2017. Personne, à part le président sortant de l’AFBC, ne peut expliquer ce long sommeil… L’édition 2022 marque notre volonté de faire bouger notre continent. Je vous rappelle que je ne suis élu que depuis moins deux mois. Je crois qu’il était temps de passer à une autre gouvernance en Afrique…
Pourquoi avoir choisi le Mozambique qui n’est pas le pays d’Afrique le plus connu en boxe amateur ?
Le choix du Mozambique rejoint notre volonté d’être présent dans tous les pays du continent. La dernière fois que ce pays a tenu une compétition de cette envergure remonte à 2011. C’était il y a 11 ans, lors des Jeux Africains…
Le Ghana est un grand pays de boxe, avec quatre médailles aux Jeux olympiques notamment. L’AFBC s’impliquera-t-elle dans le tournoi de boxe des Jeux Africains 2023 d’Accra ?
Pour les Jeux Africains à Accra, l’AFBC sera présente pour l’organisation et la gestion de notre sport, pendant cette édition. C’est une mission naturelle.
Quelles sont vos ambitions pour les boxeurs et boxeuses du continent aux prochains Jeux olympiques ?
Ces prochains Jeux olympiques d’été se tiendront à Paris, en 2024. Par conséquent, notre objectif est de faire mieux qu’en 2021 [une médaille de bronze du Ghanéen Samuel Takyi, Ndlr]. Et ce résultat passera par la tenue régulière des compétitions sur le plan continental et une préparation sérieuse à travers des camps d’entraînement bien organisés.
Depuis 2004 et les trois médailles de l’Egypte, on observe une baisse des résultats de l’Afrique aux tournois de boxe olympiques. Les pays du continent remportent rarement plus d’une médaille de bronze au total. Comment l’expliquez-vous ? Et comment remédier à cette situation ?
L’explication des faibles résultats de nos boxeurs aux Jeux olympiques est très simple : absence de compétitions, mauvaise préparation, absence de moyens des fédérations nationales pour aller participer aux compétitions dans l’hexagone, par exemple. Autant de facteurs qui réduisent les possibilités des athlètes africains.
L’AFBC n’a pas été épargnée par les turbulences, ces dernières années. Comment garantir qu’il n’y aura plus de crises au sein de la confédération africaine de boxe amateur ?
Aucune garantie écrite ne peut être apportée sinon que depuis 2006, c’est la première fois que les Africains ont eu la latitude d’élire eux-mêmes, leur président. Fort des situations ayant marqué notre continent pendant cette période trouble, mon engagement personnel et celui de mon board devraient nous permettre de conduire avec beaucoup d’assurance, le bateau Afrique.
Quelles sont justement vos ambitions pour l’AFBC en tant que président fraichement élu ?
A travers mes précédentes réponses, vous aurez deviné mon programme d’action qui traduit l’ambition qui est mienne : tenir un calendrier de compétitions jusqu’au 31 mai 2024, organiser des séminaires de formation des officiels de boxe, relever le niveau des entraîneurs à travers l’organisation régulière des séminaires de certification, mettre en place des camps d’entraînement à l’approche des grandes échéances sportives tant continentales qu’à l’extérieur… En fait, le chantier est énorme pour redonner à notre continent ses lettres de noblesse…
La boxe olympique, une discipline en crise
La boxe figurera-t-elle au programme des Jeux olympiques de Los Angeles ? Si le Noble Art sera encore à Paris en 2024, est-ce que ce sera également le cas en 2028, tant cette discipline traverse une crise de gouvernance depuis 2016 ? Pour les JO de Tokyo, le Comité international olympique (CIO) s’était même substitué à la Fédération internationale de boxe amateur (l’AIBA, devenue IBA fin 2021). Le CIO avait suspendu sa reconnaissance officielle envers l’IBA en juin 2019, suite à plusieurs années de conflits à la tête de l’instance et à des polémiques sur l’arbitrage lors de grandes compétitions (dont les JO 2016). Une suspension toujours d’actualité.
La confédération africaine elle-même n’a pas été épargnée, avec notamment la suspension par l’AIBA de son ex-président, le Togolais Kelani Baylor. Le Marocain Mohamed Moustahsane, président par interim de l’AIBA en 2019 et 2020, avait assuré la transition à l’AFBC ces dernières années. « Il est évident que la crise de notre association internationale aura eu des répercussions sur l’Afrique a travers notamment une instabilité au niveau de sa tête, déplore Bertrand Mendouga, qui a vu défiler quatre présidents depuis 2016. A partir de là, il est difficile de mettre en place un programme cohérent ».