Moscou a alerté le secrétaire général de l’ONU quant au possible recours par Kiev à une «bombe sale». La Russie émet également l’hypothèse d’un «soutien» des Occidentaux sur son utilisation. L’OTAN juge que la Russie cherche un faux «prétexte».
Ce 25 octobre, deux jours après que le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou s’est entretenu avec ses homologues américain, français, britannique et turc sur la présumée volonté des autorités ukrainiennes d’utiliser une «bombe sale», Moscou a alerté le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres qu’un tel scénario constituerait «un acte de terrorisme nucléaire».
Par l’intermédiaire d’une lettre du représentant russe permanent à l’ONU Vassili Nebenzia, citée par Ria Novosti, la Russie a stipulé que cette provocation présumée – niée par Kiev – pourrait être «menée avec le soutien des pays occidentaux», d’après des informations du ministère russe de la Défense. Moscou a toutefois appelé les chancelleries européennes et américaines à tempérer les positions du pouvoir ukrainien pour qu’il renonce à utiliser une «bombe sale».
Toujours selon la lettre du représentant russe, Moscou «appelle également le secrétaire général de l’ONU à faire tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher la mise en œuvre de ce crime odieux». La lettre précise par ailleurs une nouvelle fois que la Russie n’a pas l’intention d’utiliser des armes nucléaires en Ukraine. «Ni les autorités de notre pays ni le ministère de la Défense n’ont parlé de la possibilité d’utiliser de telles armes», insiste Vassili Nebenzia.
Compte tenu des inquiétudes russes et à la demande des autorités ukrainiennes, l’agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) prévoit d’inspecter deux sites nucléaires en Ukraine, jugés suspects par Moscou, afin de faire la lumière sur d’éventuelles activités et matières nucléaires non déclarées.
Le terme «bombe sale» renvoie généralement à un type de bombe constituée d’explosifs conventionnels entourés de matériaux radioactifs destinés à être disséminés lors de l’explosion.
Des versions qui divergent
De son côté, l’OTAN a prévenu le 24 octobre la Russie qu’elle ne devait pas utiliser le «prétexte» de cette présumée «bombe sale» pour créer une «escalade» dans le conflit en Ukraine.
«Les Alliés de l’OTAN rejettent cette allégation. La Russie ne doit pas utiliser cela comme un prétexte à une escalade», a tweeté dans la soirée du 24 octobre le patron de l’Alliance atlantique, Jens Stoltenberg, après s’être entretenu avec le chef du Pentagone Lloyd Austin et le ministre britannique de la Défense Ben Wallace.
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Paris, Londres et Washington avaient auparavant fustigé ensemble le 24 octobre des déclarations «fausses» de Moscou. «Personne ne serait dupe d’une tentative d’utiliser cette allégation comme prétexte à une escalade», précisaient ces pays dans un communiqué conjoint cité par l’AFP.
Le président ukrainien Volodymr Zelensky a pour sa part évoqué les accusations russes lors de son allocution quotidienne le 24 octobre, dénonçant les «diverses idioties sur l’Ukraine» proférées par Moscou.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a assuré le même jour qu’il y avait «de sérieux soupçons indiquant que de telles choses puissent être planifiées».
«Bien sûr, nous voyons la réaction des médias occidentaux. Elle ne nous surprend pas. Elle va dans le sens d’un soutien inconsidéré à son protégé Zelensky, lui fournissant son indulgence pour toute action russophobe, non seulement en paroles, mais dans le bombardement de cibles civiles, de populations civiles», a ajouté le chef de la diplomatie russe lors d’une conférence de presse à Moscou.
Kiev dénonce l’usage de drones, que démentent Moscou et Téhéran
Autre volet de la lutte des narratifs autour de l’armement utilisé sur le champ de bataille en Ukraine, Kiev accuse Moscou d’avoir recours à des drones-suicides de fabrication iranienne, ce que démentent Moscou et Téhéran.
Le président ukrainien a ainsi assuré le 24 octobre que la Russie avait commandé «environ 2 000 drones Shahed iraniens» pour appuyer sa campagne de bombardements en Ukraine.
Une information catégoriquement démentie par la diplomatie iranienne, dont le chef Hossein Amir-Abdollahian a affirmé le même jour : «Nous n’avons fourni à la Russie ni armes ni drones à utiliser dans la guerre contre l’Ukraine.»
De son côté, le Kremlin avait assuré ce 18 octobre ne «pas avoir d’information» sur les accusations d’utilisation par son armée de drones de fabrication iranienne en Ukraine. Interrogé sur le sujet en conférence de presse, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov avait répondu : «De la technologie russe est utilisée, avec des noms russes.»