Située à 150 kilomètres de la frontière camerounaise, Bouar s’impose comme la capitale centrafricaine du haricot blanc. Ce produit agricole, essentiel à l’économie locale et à l’alimentation nationale, est au cœur de l’identité de cette ville cosmopolite. Avec ses 60 000 habitants, Bouar joue un rôle stratégique dans le développement économique de la région, en dépit des défis liés à l’insécurité et à l’état des infrastructures.
L’histoire de Bouar remonte au XIXe siècle, lorsque Mbarta, un chasseur et agriculteur, fonda ce qui n’était alors qu’un petit village. Une anecdote raconte que le nom “Bouar” provient du mot local “warr”, signifiant haricot blanc. Ce malentendu linguistique, survenu lors de l’arrivée des premiers explorateurs français, scella le lien indéfectible entre la ville et cette culture agricole. Depuis, le haricot blanc est resté au centre de la vie économique et culturelle locale.
Bouar est aujourd’hui le principal fournisseur de haricot blanc en Centrafrique. Grâce à des initiatives telles que la distribution gratuite d’intrants et la création de coopératives, héritées de la vision des descendants de Mbarta, les agriculteurs locaux ont su maintenir une production florissante. Chaque année, la préfecture de Nana-Mambéré exporte plusieurs tonnes de haricots vers les autres régions du pays, renforçant ainsi son statut de poumon économique.
Malgré les succès, les agriculteurs de Bouar travaillent encore dans des conditions artisanales, limitant leur rendement. Selon Épiphanie Nambozouina, économiste, l’amélioration des infrastructures, de l’accès au crédit et à des intrants modernes pourrait permettre aux producteurs d’augmenter leur compétitivité. Cette modernisation est essentielle pour pérenniser la place de Bouar dans l’économie nationale et améliorer les conditions de vie des agriculteurs.
Pour des familles comme celle de Dangbaya, descendant de Zari Herman, le haricot blanc représente bien plus qu’une culture. C’est un symbole de résilience et de prospérité. “Le haricot, c’est ma vie”, confie-t-il, rappelant que ce produit nourrit non seulement ses enfants, mais leur offre aussi une source de revenus stable. Ces témoignages illustrent l’importance cruciale de cette culture pour les communautés locales.
Face aux défis de l’insécurité et des infrastructures dégradées, Bouar continue de ravitailler la Centrafrique avec son emblématique haricot blanc. Cependant, un soutien accru des autorités nationales et des partenaires internationaux est indispensable pour renforcer cette filière. En capitalisant sur son héritage historique et son dynamisme actuel, Bouar peut espérer se transformer en un modèle d’agriculture durable en Afrique centrale.