A la suite d’une opération militaire, début avril, dans la région de l’Oudalan, dans l’extrême nord du Burkina Faso, à quelques kilomètres des frontières malienne et nigérienne, des soldats s’en seraient pris aux populations civiles. Plusieurs sources ont rapporté à RFI des assauts sur des villages.
Sokoundou, Wassakoré, Kacham, Tin-Rhassan… ces villages auraient été attaqués la semaine dernière par des soldats burkinabè. « Dans certaines localités, ils ont tué tous les hommes, y compris des adolescents », explique un jeune de la région.
Ces localités se trouvent dans la réserve sylvo-pastorale du Sahel. Une zone forestière qui sert souvent de refuge aux terroristes. Dans un discours le 1er avril, le président Damiba a annoncé l’interdiction « formelle aux populations civiles de résider ou mener des activités dans certaines zones d’opérations militaires. »
« Mais où peuvent-elles aller ?, s’indigne un notable de la région. Ceux qui ont été tués la semaine passée ont été pris pour des terroristes, juste parce qu’ils étaient chez eux. »
Des sources sur place estiment que ces violences ont fait plus d’une centaine de victimes.
« Des allégations très graves que l’armée réfute avec force, explique une source proche du ministère de la Défense. L’armée burkinabè accorde une grande importance au respect des droits de l’homme. »
S’appuyant sur des données de l’ONG ACLED, publiées en octobre 2021, les autorités burkinabè revendiquent une baisse de 77% des violences menées par leurs forces armées, contre les civils.
Dans leur dernier bulletin d’informations, publié cette semaine, les forces armées burkinabè ont annoncé avoir tué plus de 130 terroristes entre le 15 mars et le 15 avril.
Des milliers de déplacés
Ces violences ont provoqué d’importants déplacements de populations, près de 4000 selon des sources sur place, vers les localités de Gorom Gorom, Markoye, et de l’autre côté des frontières.
« Ils sont plus de 3500 et continuent encore à arriver », explique une personnalité de Gorom Gorom. A pied, parfois en charrettes, accompagnés de quelques petits ruminants, des familles entières viennent chercher de l’aide dans cette commune.
Un peu plus au nord, à Markoye, à quelques kilomètres du Niger, une situation similaire. Arrivés dans ces communes, les personnes déplacées trouvent le peu d’aide que les populations locales peuvent leur accorder.
« Nous accueillions déjà près de 30 000 déplacés, explique un responsable de Gorom Gorom. Avant nous avions un peu d’aide d’ONG ou du Programme alimentaire mondial, mais maintenant nous disposons seulement de quelques donations de l’action sociale. »
Et cette crise déborde, de l’autre côté de la frontière. Le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies au Niger estime que 15 000 déplacés sont récemment arrivés du Burkina. La majorité se trouve dans des zones inaccessibles à l’aide humanitaire en raison de l’insécurité. La question des déplacés internes est un enjeu de taille pour les autorités burkinabè. Dans leur dernier bulletin, publié en février, les Nations unies en recensent plus d’1,7 million.