La dépouille de Pierre Buyoya, décédé du Covid-19 en décembre 2020 à Paris, a été rapatriée au Burundi pour être ré-inhumée dans son pays natal. Initialement enterré à Bamako, au Mali, où il a servi en tant que Haut représentant de l’Union africaine, son corps est en route pour Bujumbura après un accord avec les autorités burundaises.
Pierre Buyoya, qui a présidé le Burundi à deux reprises, de 1987 à 1993 et de 1996 à 2003, sera inhumé dans l’intimité familiale à Rutovu, sa colline natale. La famille Buyoya a obtenu l’autorisation du gouvernement burundais de ramener sa dépouille, comme indiqué dans un communiqué rendu public hier soir. Le corps est attendu à Bujumbura en début d’après-midi, avant d’être acheminé à Rutovu.
Au moment de sa mort, les relations entre Buyoya et le pouvoir burundais étaient tendues. Condamné à perpétuité pour l’assassinat de Melchior Ndadaye, premier président hutu démocratiquement élu, Buyoya avait toujours nié toute implication dans ce crime qui avait déclenché une guerre civile de plus de dix ans. En raison de ces tensions, sa famille avait dû l’enterrer provisoirement à Bamako il y a près de quatre ans.
Ce rapatriement pourrait être vu comme un geste de réconciliation de la part du président Évariste Ndayishimiye. Les premiers contacts entre la famille Buyoya et le président Ndayishimiye ont eu lieu peu après son investiture. Le président a même reçu Olivier, le fils de Pierre Buyoya, une année après son investiture, montrant ainsi une volonté d’apaisement.
Malgré l’accord pour le rapatriement, les autorités burundaises ont imposé une condition : il n’y aura pas de cérémonie officielle pour l’ancien président. Cette décision reflète peut-être encore les divisions que Pierre Buyoya suscitait au sein de la société burundaise.
Une fois à Bujumbura, la dépouille de Pierre Buyoya sera transportée à Rutovu, où il sera ré-inhumé dans la plus stricte intimité familiale. Ce dernier voyage de Buyoya, de Bamako à Bujumbura, marque la fin d’une période de controverse et ouvre une nouvelle page dans l’histoire du Burundi.