Ce mercredi 5 juin, plus de six millions de Burundais sont appelés à voter pour élire leurs députés et conseillers communaux. Le scrutin, qui mobilise quelque 14 000 bureaux de vote à travers le pays, se déroule dans un climat verrouillé, dominé par le CNDD-FDD, au pouvoir depuis 2005. Le parti présidentiel, omniprésent durant la campagne électorale, se présente largement favori, en l’absence notable d’une opposition structurée.
Ces élections sont les premières législatives et communales à ne pas être couplées à la présidentielle, conformément à la Constitution de 2018. Celle-ci a allongé le mandat présidentiel à 7 ans, tandis que les députés et les conseillers communaux restent élus pour 5 ans. Le texte prévoit aussi un redécoupage territorial significatif : les circonscriptions passent de 18 à 5 provinces pour les législatives, et le nombre de communes est réduit de 119 à 42. Toutefois, les quotas ethniques pour les communales ont été supprimés, alors qu’ils restent en vigueur pour les législatives : 60 % des députés doivent être issus de la majorité hutue, 40 % de la minorité tutsie, avec au moins 30 % de femmes.
Ce double scrutin intervient alors que le pays traverse une grave crise économique : pénuries chroniques de biens de première nécessité, inflation galopante, appauvrissement généralisé. Dans ce contexte, la campagne électorale a été dominée sans partage par le CNDD-FDD, tandis que les principaux opposants, dont Agathon Rwasa, ont été écartés de la course, dénonçant des manœuvres du pouvoir. Le gouvernement, de son côté, rejette toute accusation d’exclusion.
En l’absence de réelle compétition, les observateurs s’accordent à dire que le scrutin ne devrait pas bousculer l’ordre établi. Les candidats en lice sont majoritairement issus du CNDD-FDD ou de formations mineures sans poids politique significatif. Quelques indépendants se présentent, mais leur capacité à mobiliser reste très limitée. « Le boulevard est ouvert pour le CNDD-FDD », résume un politologue local, qui estime que les résultats sont déjà scellés avant même la fermeture des bureaux de vote.
Le redécoupage territorial et la nouvelle configuration institutionnelle sont présentés par les autorités comme un moyen de rationaliser la gouvernance. Pourtant, dans les faits, ces changements n’ont pas favorisé une plus grande pluralité politique. Au contraire, ils semblent avoir consolidé le pouvoir d’un parti hégémonique, dans un pays qui peine à instaurer une véritable alternance démocratique depuis la fin de la guerre civile.