Le Nguon, pilier culturel du peuple Bamoun au Cameroun, a récemment obtenu la distinction tant convoitée d’être inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Cet ensemble de rituels de gouvernance, incarnant une démocratie culturelle vieille de plusieurs siècles, représente une source d’inspiration et une école de gouvernance pour le peuple Bamoun.
Cette reconnaissance exceptionnelle a été rendue possible grâce aux efforts de feu le Sultan Ibrahim Mbombo Njoya, initiateur du processus en 2006. Le Nguon, un événement annuel de grande envergure, se déroule sous la forme d’une foire commerciale accompagnée d’événements culturels, mettant en lumière les rituels de gouvernance qui incluent le jugement du roi par les députés de la nation, les Fona’Nguon.
En effet, le Nguon est bien plus qu’une simple cérémonie ; c’est une assemblée où le roi est jugé par ses pairs, un processus démocratique unique. Descendant de son trône, le roi est évalué, et si nécessaire, il doit s’acquitter d’une amende. Ce rituel, vieux de 600 ans, démontre la démocratie inhérente à la société bamoun, contrairement aux idées préconçues sur le pouvoir autoritaire en Afrique.
Il est crucial de replacer cette inscription dans le contexte camerounais, dirigé depuis 41 ans par Paul Biya, ancien proche du défunt Sultan Ibrahim Mbombo Njoya. Durant le grand dialogue national de 2019, le Sultan avait soulevé des questions cruciales sur l’alternance au Cameroun, témoignant d’une évolution de sa culture démocratique en décalage avec le régime en place.
L’inscription du Nguon à l’Unesco revêt une importance capitale pour la promotion de la paix et de la démocratie universelles. Moussa Njoya, politologue et biographe du Sultan, souligne que le Nguon est une source d’inspiration et une école de gouvernance. Cela rappelle que la reddition des comptes et l’évaluation des dirigeants ne sont pas des offenses, mais des pratiques fondamentales.
En conclusion, l’inscription du Nguon Bamoun au patrimoine immatériel de l’Unesco représente un moment historique, honorant la richesse culturelle et démocratique du peuple Bamoun. Ce rituel ancestral, bien plus qu’une simple tradition, incarne les valeurs fondamentales de la démocratie et de la gouvernance juste, soulignant l’importance de préserver de telles pratiques culturelles uniques.