À un an de l’élection présidentielle de 2025, des évêques camerounais critiquent de plus en plus le régime du président Paul Biya. Après 42 ans au pouvoir, Biya n’exclut pas de se présenter encore une fois, ce qui inquiète plusieurs prélats. Ils dénoncent des problèmes majeurs comme la crise anglophone, la corruption et l’économie en difficulté. Des figures influentes du clergé, de Douala à Ngaoundéré, appellent à un changement politique.
Depuis décembre 2024, plusieurs évêques ont exprimé publiquement leur opposition à une nouvelle candidature de Paul Biya. Le 25 décembre, Mgr Samuel Kleda, archevêque de Douala, a affirmé qu’une telle candidature était « irréaliste ». Mgr Emmanuel Abbo de Ngaoundéré a critiqué la répression gouvernementale, tandis que Mgr Barthélémy Yaouda Hourgo, habituellement modéré, a exprimé son ras-le-bol. Pour eux, il est temps de repenser la gouvernance du pays.
Le contexte politique du Cameroun est tendu depuis plusieurs années. La crise anglophone, qui a commencé en 2016, continue d’opposer l’armée aux groupes séparatistes. Le « Grand dialogue national » de 2019, organisé par le gouvernement, n’a pas résolu le problème. En janvier 2025, les évêques ont publié un message dans lequel ils reprochent au régime son manque de volonté pour un vrai dialogue. Ils dénoncent aussi la corruption qui freine le développement du pays.
Les évêques demandent une nouvelle approche pour répondre aux attentes du peuple. Jean-Paul Messina, expert en histoire des religions, explique que leur message soulève avant tout une question morale : Paul Biya, après 42 ans de pouvoir, doit-il céder la place ? Certains analystes regrettent cependant que les évêques n’aillent pas plus loin en demandant ouvertement une alternance politique.
Le président Biya entretient une relation distante avec l’Église catholique. Il n’a pas rencontré les évêques en tête-à-tête depuis le début de la crise anglophone. Certains membres de son gouvernement s’opposent à un dialogue avec l’Église, mais d’autres pensent que cela pourrait aider à stabiliser le pays. Malgré tout, un accord juridique encadre les relations entre l’État et l’Église, montrant une certaine reconnaissance institutionnelle.
Certains sujets restent délicats, comme les assassinats non élucidés de personnalités catholiques. Les meurtres de Mgr Jean-Marie Benoît Balla en 2017 et de Mgr Yves Plumey en 1991 restent entourés de mystère. Ce silence nourrit le doute sur les relations entre l’Église et l’État. Alors que l’élection de 2025 approche, les tensions entre les évêques et le pouvoir soulignent l’importance de la question du changement politique.