Le gouvernement canadien a mis en place une nouvelle mesure visant à faciliter le changement d’emploi pour les travailleurs étrangers présents sur son territoire. Désormais, les personnes ayant soumis une demande de permis de travail pourront débuter un nouvel emploi sans attendre l’approbation officielle de ce permis. Cette décision vise à réduire les délais d’attente et à améliorer la stabilité financière des travailleurs temporaires.
En plus de cette nouvelle règle, certains groupes de travailleurs étrangers peuvent déjà exercer une activité professionnelle au Canada sans avoir besoin d’un permis. C’est le cas notamment des étudiants titulaires d’un permis d’études, des représentants internationaux et de leurs familles, ainsi que des personnes en « statut maintenu ». Cette dernière catégorie désigne les travailleurs dont le permis de travail a expiré, mais qui ont fait une demande de renouvellement avant cette échéance : ils peuvent continuer à travailler aux mêmes conditions tant que leur demande est en cours de traitement, à condition de ne pas quitter le territoire.
Ces ajustements s’inscrivent dans un contexte plus large de réforme de la politique migratoire canadienne. En octobre 2024, Ottawa annonçait la réduction progressive de ses cibles de résidence permanente, passant de 395 000 personnes en 2025 à 365 000 en 2027. Ce resserrement coïncide avec une volonté de mieux encadrer les pratiques liées aux demandes d’immigration, notamment dans le système Express Entry, qui évalue les candidats sur la base d’un système de points (CRS) prenant en compte l’âge, la maîtrise des langues ou encore les qualifications professionnelles.
Face à la baisse des quotas, de nombreux candidats mariés optent pour la stratégie du « conjoint non accompagnant » dans leur dossier, ce qui leur permet d’obtenir jusqu’à 40 points supplémentaires dans le système de notation. Cette déclaration — légale dans certains cas — est censée refléter une situation réelle, comme l’impossibilité pour le conjoint de déménager pour des raisons professionnelles ou familiales. Mais elle devient problématique lorsqu’elle est utilisée comme un simple levier de points, notamment si le conjoint réside déjà au Canada.
L’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) considère ce type de manipulation comme une « fausse déclaration », un délit au regard de l’article 40 de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés. Une telle infraction peut entraîner un bannissement de cinq ans, même si l’omission ou l’information erronée n’était pas intentionnelle. L’IRCC envoie régulièrement des lettres de clarification lorsque des incohérences apparaissent entre la déclaration et la situation réelle du conjoint.
En somme, si Ottawa cherche à rendre son marché du travail plus accessible aux travailleurs temporaires, la pression sur les critères d’immigration pousse certains à contourner les règles. L’équilibre est donc fragile entre l’ouverture affichée et la rigueur des contrôles. Pour les candidats, il devient crucial de faire preuve de transparence, au risque de compromettre durablement leur projet d’immigration au Canada.