Un réseau criminel basé à Montréal a mis en place une organisation capable de contourner les protocoles d’immigration et de sécurité du Canada en fabriquant des passeports et visas falsifiés d’une grande qualité, mettant ainsi en péril la sécurité nationale. Cette découverte émane de l’enquête « Projet O-ctopus » menée par la Gendarmerie royale du Canada (GRC), qui a permis de saisir des preuves accablantes lors d’une série de perquisitions menées en juin 2023. Les faux documents découverts comprenaient des passeports canadiens et européens dotés d’éléments de sécurité proches de ceux des vrais documents.
Les passeports falsifiés étaient des répliques des documents produits par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada entre 2013 et 2023. Ces faux documents étaient d’une qualité si impressionnante qu’ils répondaient aux exigences de sécurité, incluant des éléments sensibles comme les dispositifs réagissant à la lumière ultraviolette. Les enquêteurs ont notamment trouvé des images et vidéos montrant l’authenticité de ces faux passeports. L’un des principaux suspects, Thesingarasan Rasiah, est identifié comme le chef de cette organisation qui a facilité le passage de personnes à travers des frontières internationales, y compris au Canada, en contournant les contrôles de sécurité.
Le trafic de passeports falsifiés est un phénomène croissant, et les révélations de l’enquête O-ctopus soulignent les vulnérabilités des systèmes de sécurité des passeports. Bien que le Canada ait mis en place des mesures de sécurité renforcées dans la production de nouveaux passeports depuis 2023, les faux documents trouvés lors de l’enquête montrent qu’il reste des failles exploitables. En outre, cette affaire s’inscrit dans un contexte plus large de trafic humain, où des réseaux criminels exploitent les faiblesses des contrôles frontaliers pour déplacer illégalement des individus à travers plusieurs pays.
L’impact de ce réseau va au-delà des simples infractions documentaires. L’enquête a révélé que le réseau pouvait organiser des passages de personnes via des aéroports internationaux en contournant des dispositifs de contrôle. Ce type de trafic international constitue une menace pour la sécurité globale, notamment en matière de contrôle migratoire, de terrorisme et de criminalité transnationale. L’implication de membres du réseau dans le drame du fleuve Saint-Laurent en mars 2023, où neuf personnes sont mortes en tentant de passer clandestinement aux États-Unis, montre les risques extrêmes liés à de tels réseaux.

Thesingarasan Rasiah, actuellement sous enquête pour trafic humain, pourrait être inculpé dans d’autres affaires de fraude documentaire à mesure que l’enquête se poursuit. Bien que les nouvelles mesures de sécurité mises en place par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada rendent les faux passeports plus difficiles à fabriquer, des experts suggèrent qu’une intégration plus poussée de la biométrie, notamment les empreintes digitales, pourrait renforcer encore la sécurité des documents. Cette situation met également en lumière la nécessité pour les autorités canadiennes de renforcer leur coopération avec d’autres pays, notamment ceux où les passeports sont falsifiés et utilisés dans des réseaux de trafic international.
Des experts, comme Kelly Sundberg, ancienne agente des services frontaliers, soulignent que la qualité des faux passeports saisis lors de l’enquête est sans précédent. Sundberg, qui a manipulé des milliers de passeports au cours de sa carrière, a exprimé sa surprise devant l’ingéniosité des falsifications. Cette affaire pose une question importante : comment améliorer les protocoles de vérification des documents et empêcher que des failles similaires ne surviennent à l’avenir ? Les autorités devront redoubler d’efforts pour s’adapter à l’évolution des techniques de falsification.
Source : CBC