La République Démocratique du Congo (RDC) intensifie sa pression diplomatique sur le Rwanda, en mettant les minéraux stratégiques au cœur de son offensive. Kinshasa accuse Kigali de profiter du pillage des ressources minières dans l’Est de la RDC, en particulier de minerais de contrebande, qu’il revend ensuite comme produits rwandais sur les marchés internationaux. Cette situation a poussé l’Union européenne (UE) à envisager un réexamen de l’accord signé en février 2024 avec le Rwanda concernant les minerais stratégiques.
Les accusations formulées par la RDC s’inscrivent dans une dynamique diplomatique plus large. Selon Kinshasa, des groupes rebelles, soutenus par le Rwanda, pillaient les minéraux du pays, notamment dans les zones de conflit dans l’Est, avant de les expédier illégalement vers le Rwanda. Ces minéraux sont ensuite vendus sous le label rwandais sur les marchés internationaux, contournant ainsi les législations et les mécanismes de traçabilité en place. Le président congolais, Félix Tshisekedi, a dénoncé ce trafic dans une interview au New York Times, en soulignant l’implication indirecte de grandes puissances comme les États-Unis dans ce commerce.
Cette offensive diplomatique s’inscrit dans un contexte de tensions politiques et militaires croissantes entre la RDC et le Rwanda. Le M23, groupe rebelle actif dans l’Est de la RDC, est accusé de recevoir un soutien militaire du Rwanda, une situation qui a conduit l’UE et les États-Unis à prendre des mesures concrètes. Cette semaine, Londres a annoncé un gel de l’aide bilatérale au Rwanda, tandis que Washington a sanctionné le ministre rwandais de la Coopération régionale, James Kabarebe, pour son rôle présumé dans le soutien au M23. Les minéraux congolais, essentiels pour les industries technologiques mondiales, deviennent ainsi un levier stratégique pour Kinshasa.
L’UE a récemment indiqué sa volonté de réexaminer l’accord signé avec le Rwanda en 2024, un accord portant sur le commerce de minerais comme le coltan et l’étain, qui sont essentiels pour l’industrie technologique. La pression de Kinshasa, qui mise sur l’importance de ses ressources naturelles, pourrait conduire à une révision des partenariats commerciaux européens avec le Rwanda. Cependant, il n’est pas encore certain que l’accord soit annulé, car l’UE et les États-Unis n’ont pas encore réagi officiellement aux appels de la RDC. Le défi réside dans la gestion de la traçabilité des minerais et l’efficacité des mécanismes existants.
La RDC, qui dispose de l’une des plus grandes réserves mondiales de minéraux, notamment de cobalt, de coltan et d’étain, se positionne comme un acteur incontournable dans la gestion des matières premières essentielles aux industries occidentales, notamment celles des nouvelles technologies. Si le gouvernement congolais parvient à isoler diplomatiquement le Rwanda, il pourrait non seulement reprendre le contrôle sur la chaîne d’approvisionnement des minerais, mais aussi influencer la politique internationale vis-à-vis de son voisin. Cependant, cette stratégie comporte des risques, notamment en ce qui concerne les relations avec les grandes puissances.
Les réactions internationales à cette offensive diplomatique restent floues. Si la RDC continue de mettre en avant la question minière, les chancelleries occidentales restent principalement concentrées sur l’appel à la fin des hostilités dans l’Est de la RDC. Le dialogue international reste crucial pour apaiser les tensions, mais l’absence d’une solution claire sur la gestion des minerais congolais pourrait perpétuer un climat de méfiance entre la RDC, le Rwanda et ses partenaires économiques. Les prochaines étapes diplomatiques seront donc déterminantes pour l’avenir de cette crise complexe.
Le Président Félix Tshisekedi invite plutôt les #USA dont les entreprises s'approvisionnent en matières premières stratégiques auprès du Rwanda qui les pillent en massacrant nos populations, de venir directement les acheter chez nous qui en sommes les véritables propriétaires pic.twitter.com/l8URuIOqcL
— Tina Salama (@TinaSalama2) February 23, 2025