La République démocratique du Congo (RDC) s’apprête à retrouver une place qu’elle n’avait plus occupée depuis plus de trois décennies : un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. Ce 3 juin, l’Assemblée générale des Nations unies, réunie à New York, doit entériner l’élection de cinq nouveaux membres non permanents pour la période 2026-2027. Pour le continent africain, deux sièges sont réservés et deux candidatures ont été enregistrées : celles de la RDC et du Liberia.
Cette candidature congolaise, mûrie depuis plusieurs mois, s’inscrit dans une volonté politique claire : celle de faire entendre la voix d’un pays confronté à de graves menaces sécuritaires, notamment dans sa partie orientale. Kinshasa a mené une campagne diplomatique discrète mais soutenue, validée sans heurts par l’Union africaine qui, comme à son habitude, a recherché le consensus entre États membres. Le Liberia, dont la candidature a également été approuvée, accompagne ainsi la RDC dans cette configuration sans affrontement électoral.
La dernière participation de la RDC au Conseil de sécurité remonte à 1992. Depuis, le pays a traversé des conflits internes majeurs, des interventions étrangères et une instabilité chronique dans plusieurs provinces. Le retour sur la scène onusienne est donc aussi une façon de rompre avec une posture défensive, pour adopter une position proactive sur les questions de sécurité, de souveraineté et de coopération régionale.
Selon les autorités congolaises, ce siège ne sera pas symbolique. Il servira à défendre les intérêts du pays face aux agressions dont il s’estime victime, notamment de la part du Rwanda, et à influencer les débats sur les missions de paix, les embargos et les mécanismes de coopération internationale. La ministre des Affaires étrangères, Thérèse Wagner, a insisté sur l’image d’un État « tourné vers la coopération et la solidarité », tout en rappelant que la RDC n’a pas l’intention de rester silencieuse dans les grands forums internationaux.
La perspective d’un mandat au Conseil de sécurité donne aussi à la RDC un rôle régional accru. Dans une Afrique centrale souvent marginalisée dans les grandes décisions internationales, cette présence permettra à Kinshasa de peser davantage, au moment où le continent cherche à faire évoluer sa représentation dans les instances de gouvernance mondiale. C’est aussi un test de crédibilité diplomatique, dans un contexte où l’efficacité des positions africaines dépend souvent de leur coordination et de leur clarté.