Avec 51,7 % des suffrages, Lee Jae-myung a remporté l’élection présidentielle du 3 juin, devenant ainsi le 14e président de la Corée du Sud. Ce succès marque une revanche pour le candidat du Parti démocrate, battu de justesse en 2022. Il succède à Yoon Suk-yeol, destitué quelques mois plus tôt après une tentative de coup de force. L’investiture de Lee est prévue pour ce mercredi 4 juin.
Fils d’une famille pauvre, ouvrier blessé à 13 ans, avocat engagé, puis maire et gouverneur, Lee Jae-myung a gravi chaque échelon du pouvoir à force de combativité. Entré en politique en 2005, il devient une figure montante de la gauche sud-coréenne. À Seongnam, puis dans la province de Gyeonggi, il mène des politiques sociales audacieuses, comme l’expérimentation d’un revenu universel. En 2022, il perd la présidentielle d’une courte tête. Depuis, il a consolidé son emprise sur le Parti démocrate, malgré des affaires judiciaires et une tentative d’assassinat en 2024.
L’élection de Lee s’inscrit dans un contexte de crise politique aiguë. Après avoir bloqué les initiatives du président Yoon grâce à sa majorité parlementaire, Lee devient la cible directe du pouvoir en place. Le 3 décembre 2024, Yoon tente d’imposer la loi martiale pour l’écarter, mais la manœuvre échoue. Lee gagne en légitimité en s’opposant physiquement au projet, au point d’escalader les grilles de l’Assemblée pour voter contre. Ce coup de théâtre accélère la destitution de Yoon et galvanise la base électorale du Parti démocrate.
Lee Jae-myung arrive au pouvoir dans un climat politique tendu. La société sud-coréenne reste profondément polarisée et la légitimité du nouveau président est contestée par une partie de l’opinion. Pour apaiser les tensions, il propose de raccourcir le mandat présidentiel et de permettre une réélection. Objectif : rebâtir la confiance institutionnelle et rééquilibrer les pouvoirs. Mais l’opposition reste vigilante, et la moindre erreur pourrait lui coûter cher.
Sur le plan international, Lee devra composer avec deux partenaires majeurs : Washington et Pékin. La guerre commerciale lancée sous Trump a pénalisé l’industrie sud-coréenne, en particulier l’automobile et l’acier. Lee souhaite renouer avec les États-Unis tout en maintenant une relation stable avec la Chine, cruciale pour les exportations. Le vide gouvernemental des derniers mois n’a fait qu’aggraver les tensions commerciales.
Enfin, la situation avec la Corée du Nord figure parmi les priorités immédiates du président. Sous Yoon Suk-yeol, le dialogue entre les deux pays a été totalement rompu. Lee Jae-myung espère rétablir la communication avec Pyongyang, et ne ferme pas la porte à une rencontre avec Kim Jong-un, dans l’esprit du sommet de 2018. Mais il devra jouer finement pour ne pas raviver les tensions tout en affirmant son autorité.