Le cargo Zimrida, transportant 20 000 tonnes de nitrate d’ammonium, est immobilisé en rade extérieure du port d’Abidjan depuis une semaine. Une réunion décisive ce lundi 6 janvier entre les autorités ivoiriennes, le propriétaire de la cargaison et le transporteur devrait statuer sur le déchargement des 3 000 tonnes destinées à la Côte d’Ivoire.
Arrivé le 30 décembre, le navire, battant pavillon de La Barbade, a quitté le port britannique de Great Yarmouth après avoir chargé des engrais à base de nitrate d’ammonium. Cette substance chimique, bien que destinée à un usage agricole, suscite des craintes en raison de sa capacité explosive en cas de mauvaises conditions de stockage ou de manipulation. L’ombre de la tragédie du port de Beyrouth en 2020 plane, rappelant les risques liés à ce type de cargaison.
Avant d’arriver en Côte d’Ivoire, le nitrate d’ammonium avait transité sur un autre navire, le Ruby, victime d’une avarie en mer de Norvège. Son parcours a été marqué par des refus d’accostage dans plusieurs ports européens, amplifiant les suspicions autour de cette cargaison d’origine russe. Ces préoccupations font écho à la catastrophe écologique du Probo Koala en 2006, un épisode traumatisant pour les habitants d’Abidjan.
Une réunion technique à huis clos, présidée par le cabinet du ministre des Transports, réunit les principales parties prenantes pour décider des mesures à prendre. Si des doutes persistent sur l’état de la cargaison, des analyses indépendantes pourraient être requises. Les autorités ivoiriennes insistent néanmoins sur le caractère préventif de leurs actions, affirmant qu’aucun danger imminent n’a été identifié.
Les experts soulignent que le nitrate d’ammonium du Zimrida est destiné à l’agriculture, contrairement à celui de Beyrouth, conçu pour des usages industriels explosifs. Selon l’ONG Robin des Bois, aucune dégradation thermique ou anomalie significative n’a été constatée jusqu’à présent sur la cargaison du Zimrida.
Malgré les assurances, la population d’Abidjan reste sur le qui-vive, hantée par les précédents catastrophiques. Les autorités devront faire preuve de transparence pour apaiser les tensions. En attendant les conclusions de la réunion, le déchargement du cargo demeure suspendu à une décision visant à préserver la sécurité publique et environnementale.