La publication de la liste électorale provisoire en Côte d’Ivoire a provoqué des réactions vives de la part de plusieurs partis politiques, dont le Cojep de Charles Blé Goudé et le RHDP, le parti au pouvoir. En effet, après le PPA-CI de Laurent Gbagbo, ce sont ces deux formations politiques qui ont exprimé leur mécontentement face à des irrégularités qu’elles estiment graves. Ce rejet a été largement médiatisé après les déclarations de leurs porte-paroles respectifs, qui ont dénoncé des anomalies sur la liste affichée par la Commission électorale indépendante (CEI).
Le porte-parole du Cojep, Me Serge Ouraga, a fustigé ce qu’il a qualifié de « irrégularités flagrantes » dans la composition de la liste électorale. Il a mis en évidence plusieurs points préoccupants, dont des changements inexpliqués des lieux de vote par rapport aux centres d’enrôlement, ainsi que la présence sur la liste de personnes décédées dans des circonscriptions où elles n’ont jamais vécu. Quant à l’absence de Charles Blé Goudé, le Cojep a évoqué une injustice manifeste et une volonté délibérée de l’exclure du processus électoral. Pour le parti, cette situation reflète une tentative de manipulation du pouvoir en place, qui risquerait de donner l’impression qu’il choisit ses adversaires à l’avance.
Cette situation s’inscrit dans un contexte politique tendu à l’approche de la présidentielle d’octobre 2025, où la question de la légitimité et de la transparence du processus électoral est au cœur des préoccupations. En effet, plusieurs figures politiques, comme Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, ont été absentes de la scène politique ivoirienne pendant plusieurs années à la suite de la crise postélectorale de 2010-2011, et leur retour dans le jeu politique est perçu comme un défi par le pouvoir actuel. L’actualité autour de cette liste électorale provisoire, et les accusations qui en découlent, témoignent d’un climat de méfiance qui risque d’envenimer davantage les relations entre le pouvoir et l’opposition.
Du côté du RHDP, l’attitude face à ces accusations a été quelque peu distante. Kobenan Kouassi Adjoumani, porte-parole du parti, a appelé l’opposition à fournir des preuves concrètes lors de la phase de contentieux électoral. Il a jugé que les accusations de l’opposition, notamment concernant la liste électorale, ne sont que « des fantasmes » et qu’il revenait à ses adversaires de prouver leurs allégations. Par ailleurs, le RHDP a annoncé un congrès en mai pour désigner son candidat à la présidentielle, Alassane Ouattara, bien que ce dernier n’ait pas encore fait de déclaration officielle à ce sujet.
L’absence de figures politiques emblématiques sur la liste électorale ne se limite pas à Charles Blé Goudé. L’ancien Premier ministre Guillaume Soro, actuellement en exil, a également été exclu de cette liste. Son mouvement, Générations et Peuples Solidaires (GPS), a exigé sa réintégration, s’appuyant sur une décision de la Cour africaine des droits de l’homme. Cette situation a conduit à des tensions supplémentaires à l’Assemblée nationale, où les députés du PPA-CI ont quitté l’hémicycle pour protester contre l’absence de leur leader, Laurent Gbagbo, sur la liste électorale provisoire.
La publication de la liste électorale et les réactions qui s’en sont suivies révèlent un climat de défiance politique qui pourrait marquer les mois à venir en Côte d’Ivoire. Alors que l’opposition dénonce des exclusions et des irrégularités, le pouvoir reste sur la défensive, tout en anticipant la présidentielle de 2025. Les décisions à venir, notamment durant la phase de contentieux électoral, pourraient avoir un impact majeur sur la stabilité politique du pays et sur la crédibilité du processus électoral. Ce dossier devrait ainsi demeurer au cœur des débats jusqu’aux élections, avec des conséquences potentielles sur la participation des partis et sur l’acceptation des résultats par les différents camps.