Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire – Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA) a vivement condamné la candidature d’Alassane Ouattara pour un quatrième mandat présidentiel, annoncée le 29 juillet 2025 en vue de l’élection du 25 octobre prochain. Dans un communiqué signé par Simon Doho, conseiller spécial de Tidjane Thiam, le parti d’opposition dénonce une “nouvelle dérive autocratique” et rejette “catégoriquement” cette candidature qu’il considère comme une violation flagrante de la Constitution ivoirienne.
L’opposition du PDCI se fonde sur l’article 55 de la Constitution ivoirienne qui limite explicitement le nombre de mandats présidentiels à deux quinquennats. Le parti, présidé par l’ancien directeur général de Crédit Suisse, qualifie cette quatrième candidature de “passage en force” et de “seconde violation de la loi fondamentale”. Selon le PDCI, ce projet constitue “une menace directe pour la paix sociale, la cohésion nationale et la stabilité institutionnelle” du pays. Le parti souligne que cette candidature “ne respecte pas la Constitution”, se trouve “en rupture avec l’esprit républicain” et représente “un grave outrage à la souveraineté du peuple”.
Alassane Ouattara, élu pour la première fois en 2010 puis réélu en 2015, avait obtenu un troisième mandat controversé en 2020. Cette réélection s’était appuyée sur une décision du Conseil constitutionnel estimant que la révision constitutionnelle de 2016 remettait “le compteur à zéro” pour le décompte des mandats présidentiels. Le président ivoirien avait pourtant déclaré solennellement devant le Congrès le 5 mars 2020 qu’il ne briguerait pas de nouveau mandat, avant de se raviser en invoquant une situation de “force majeure”. Cette volte-face avait déjà provoqué des tensions politiques et sociales majeures, accompagnées de pertes en vies humaines.
Cette nouvelle candidature d’Ouattara risque de raviver les divisions politiques qui avaient marqué l’élection présidentielle de 2020. Le PDCI, principal parti d’opposition depuis le retour de Tidjane Thiam sur la scène politique ivoirienne, semble déterminé à contester juridiquement et politiquement cette quatrième candidature. L’annonce intervient dans un contexte où plusieurs voix s’élèvent déjà pour critiquer ce qu’elles perçoivent comme une dérive autoritaire du pouvoir en place. La campagne électorale qui s’annonce pourrait être marquée par une polarisation accrue autour de la question constitutionnelle.
Le positionnement ferme du PDCI illustre la stratégie d’opposition frontale adoptée par Tidjane Thiam depuis son retour en Côte d’Ivoire. L’ancien banquier, qui avait quitté la direction de Crédit Suisse dans des circonstances difficiles, tente de capitaliser sur les frustrations d’une partie de l’électorat ivoirien face à ce qu’elle perçoit comme un verrouillage du pouvoir. Le parti mise sur la défense de l’orthodoxie constitutionnelle pour mobiliser ses soutiens et attirer les électeurs attachés au respect des institutions.
Au-delà de la polémique politique, cette situation pose des questions fondamentales sur la solidité des institutions démocratiques ivoiriennes. La capacité du Conseil constitutionnel à maintenir une interprétation cohérente de la loi fondamentale sera scrutée de près par les observateurs nationaux et internationaux. L’issue de cette crise constitutionnelle pourrait déterminer l’évolution du système politique ivoirien pour les années à venir, entre consolidation démocratique et dérive présidentialiste.