Le 11 avril, à six mois des élections présidentielles, les deux principaux partis d’opposition ivoiriens, le PPA-CI de Laurent Gbagbo et le PDCI de Tidjane Thiam, ont annoncé la suspension de leur participation à la Commission électorale indépendante (CEI). Les partis accusent la commission de partialité et dénoncent des irrégularités majeures, notamment concernant la liste électorale.
Les deux formations politiques s’accordent sur un grief majeur : la présence sur la liste électorale de millions de personnes non éligibles, dont des électeurs décédés ou fictifs. Le PPA-CI estime que près de six millions de noms sont erronés, représentant environ deux tiers des inscrits. De plus, plusieurs plaintes ont été déposées concernant des erreurs d’enregistrement, mais la Commission électorale a reconnu avoir reçu moins de 12 000 réclamations officielles, dont la moitié concernaient des rectifications d’identité.
Ce climat de méfiance a conduit à des appels répétés au dialogue politique entre le gouvernement, l’opposition et la société civile. Laurent Gbagbo, dans un communiqué, a estimé que la CEI s’était discréditée en violant ses propres textes pour satisfaire les intérêts du pouvoir. L’ex-président ivoirien, également candidat à la présidentielle, dénonce le fait que des leaders de l’opposition soient écartés du processus électoral, tout en rappelant qu’il a été radié de la liste électorale depuis 2020 en raison d’une condamnation judiciaire.
La CEI, de son côté, a préféré ne pas répondre aux critiques. Son président, Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, avait déjà rejeté ces accusations, affirmant que la Commission ne prend parti pour aucun acteur politique et qu’elle œuvre uniquement dans le respect de la Constitution. Selon lui, le rôle de la CEI est de garantir l’application des règles établies par la loi.
Parallèlement à cette crise autour de la CEI, le PDCI s’apprête à choisir son candidat à la présidentielle du 25 octobre 2025. Une convention nationale, prévue pour le 16 avril, devrait désigner un candidat unique. Si Tidjane Thiam est actuellement le seul prétendant déclaré, des tensions internes demeurent au sein du parti, notamment avec Jean-Louis Billon, un député de Dabakala. Billon déplore l’absence de dialogue au sein du parti et critique le processus de sélection du candidat, estimant qu’une convention sans un congrès préalable n’est ni transparente ni démocratique.
Malgré les dissensions internes et la situation complexe autour de la CEI, le PDCI assure que des mesures ont été mises en place pour garantir la transparence de la convention. Les résultats seront publiés bureau par bureau et chaque candidat pourra être représenté. Toutefois, la candidature de Tidjane Thiam, bien que soutenue par une majorité, fait face à des contestations juridiques. Valérie Yapo, militante du PDCI, a en effet déposé une plainte pour contester la légalité de son élection à la tête du parti en décembre 2023.