Le 19 mars 2025, lors des “Rendez-vous du RHDP”, le parti au pouvoir en Côte d’Ivoire a officiellement annoncé son soutien à Alassane Ouattara pour un quatrième mandat à la présidence. Le ministre de l’Agriculture, Kobenan Kouassi Adjoumani, a affirmé que les élections prévues pour octobre 2025 seraient “sûres de se gagner au premier tour” grâce à la candidature d’Ouattara. Cette déclaration a marqué une accélération de la campagne préélectorale, alors que les partis politiques intensifient leurs préparatifs en vue de la relecture de la liste électorale.
Le soutien du RHDP à Ouattara se renforce avec la planification d’une vaste tournée régionale, prévue pour « envahir » le pays avec une « marée orange », symbole de la couleur du parti. Cette campagne vise à consolider l’emprise du RHDP sur le terrain, après avoir remporté 123 des 201 communes lors des dernières élections locales. Le parti met en avant son ancrage régional, combinant “vieux briscards de la politique” et “jeunes dynamiques”, pour assurer une large mobilisation derrière la candidature du président sortant. En mai, un congrès extraordinaire du RHDP devrait officialiser cette candidature, marquant un tournant décisif pour l’élection de 2025.
Le soutien unanime du RHDP à Ouattara intervient dans un contexte électoral de plus en plus polarisé. L’opposition dénonce l’absence de ses figures majeures, comme Charles Blé Goudé, Laurent Gbagbo et Guillaume Soro, qui sont actuellement exclus du processus électoral en raison de condamnations judiciaires. La relecture de la liste électorale est un moment crucial qui pourrait laisser des acteurs politiques clés hors du jeu, renforçant ainsi les critiques sur le manque de transparence et d’inclusivité du processus électoral. L’opposition insiste sur la nécessité d’un audit de la liste, sans obtenir de réponse favorable de la part du pouvoir.
À moins de huit mois des élections, les perspectives sont incertaines. Le RHDP semble assuré de la victoire, mais l’opposition, regroupée sous la bannière de plusieurs coalitions, notamment le PDCI avec son président Tidjane Thiam, cherche à se rassembler pour challenger la domination du parti au pouvoir. Alors que des voix s’élèvent pour dénoncer une élection sans pluralité de candidats, le RHDP reste inflexible, renvoyant l’opposition vers la Commission électorale indépendante (CEI) pour résoudre ses griefs. L’élection présidentielle de 2025 pourrait donc devenir un tournant majeur dans la vie politique ivoirienne, avec un climat de contestation qui risque de fragiliser l’unité nationale.
Les critiques de l’opposition se font de plus en plus fortes, notamment de la part de Tidjane Thiam, qui a exprimé son désarroi face à une élection où des candidats représentant des millions d’Ivoiriens ne seraient pas présents. En réponse, les représentants du RHDP minimisent ces accusations, les qualifiant de tentatives de “retarder le scrutin” plutôt que de résoudre les questions d’inclusivité. L’opposition ivoirienne semble se regrouper pour affronter un pouvoir qui, selon ses détracteurs, ne joue pas le jeu de la transparence. L’année à venir pourrait être marquée par de nouvelles confrontations juridiques et politiques, avec un enjeu crucial : la légitimité du processus électoral en Côte d’Ivoire.
La perspective d’un quatrième mandat pour Alassane Ouattara soulève également des interrogations sur l’avenir politique du pays. La constitution de 2016 a permis à Ouattara de briguer ce nouveau mandat, après le décès de son dauphin, Amadou Gon Coulibaly, en 2020. Les observateurs scrutent la situation avec une attention particulière, se demandant si la candidature de Ouattara, bien que soutenue par son parti, sera acceptée par une partie de la population et des acteurs internationaux. L’issue de ces élections pourrait remodeler l’avenir politique de la Côte d’Ivoire pour les années à venir.