Le Rwanda a annoncé son retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) le 7 juin, dénonçant une organisation devenue, selon Kigali, trop favorable à la République démocratique du Congo (RDC). Cette décision intervient au moment où des pourparlers de paix sont en cours entre les deux pays, sous l’égide des États-Unis. Malgré cette rupture régionale, Kinshasa affirme rester engagé dans le processus de négociation.
La décision de la CEEAC de prolonger à sa tête le président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, au lieu de confier la présidence tournante au Rwanda, a été perçue par Kigali comme une mise à l’écart injustifiée. Ce choix, interprété comme un soutien implicite à Kinshasa, a été l’élément déclencheur du départ rwandais. Pour Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement congolais, cette décision ne remet pas en cause les discussions en cours avec Kigali.
Depuis des années, la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC empoisonne les relations entre les deux pays. Le Rwanda est accusé par Kinshasa et plusieurs rapports onusiens de soutenir le groupe rebelle M23, actif dans les provinces du Nord-Kivu. Une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU adoptée en février 2025 exigeait notamment le retrait du M23 des zones occupées et la fin du soutien militaire rwandais. Kigali rejette ces accusations, affirmant que Kinshasa cherche l’affrontement plutôt que la paix.
Malgré un climat de forte défiance, les deux parties doivent dépêcher leurs délégations à Washington dans les prochains jours pour poursuivre les discussions autour d’un projet d’accord de paix. Les États-Unis espèrent toujours une signature d’ici la fin juin entre Paul Kagame et Félix Tshisekedi. Si Kinshasa se dit « optimiste », Kigali se montre plus sceptique, accusant la RDC de multiplier les démarches hostiles à travers les forums internationaux.
Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, va plus loin en accusant la RDC de militariser le conflit malgré les négociations. Il évoque, sans preuve publique à ce stade, l’implication de mercenaires étrangers et l’usage accru de drones par Kinshasa. Kigali estime que ces actes trahissent une volonté de recourir à la force plutôt qu’au dialogue. Kinshasa rejette ces allégations et affirme son engagement pour une solution pacifique.
Alors que les deux chefs d’État se sont rencontrés en mars au Qatar pour parler d’un cessez-le-feu, les tensions personnelles entre leurs ministres des Affaires étrangères persistent. L’absence de tout contact protocolaire entre eux lors de récentes rencontres illustre la profondeur du malaise. Les négociations prévues à Washington s’annoncent décisives, mais l’instabilité de la région et la méfiance réciproque menacent toujours leur aboutissement.