L’Union africaine est au cœur d’une vive polémique après avoir convié le président ukrainien Volodymyr Zelensky à délivrer une allocution vidéo lors du sommet des chefs d’État, qui débute samedi 15 février. Cette initiative, qui vise à renforcer les liens entre Kiev et l’Afrique, suscite déjà une division marquée au sein du continent.
Selon un courrier daté du 5 février et consulté par RFI, Zelensky n’est pas attendu en présentiel mais doit s’adresser aux dirigeants africains par visioconférence. L’invitation, formulée à la demande même du président ukrainien, s’inscrit dans une stratégie diplomatique intensifiée depuis le début du conflit en Ukraine, cherchant à consolider ses relations sur le continent.
Cette démarche intervient dans un contexte de rivalités géopolitiques exacerbées depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie il y a trois ans. Certains pays africains, notamment l’Angola, qui entretient des liens historiques avec la Russie depuis son indépendance en 1974, redoutent que l’allocution ne compromette leur position de neutralité dans un environnement international déjà tendu.
À l’approche du sommet, l’avenir de l’intervention de Zelensky demeure incertain. La forte opposition de certains États membres, soucieux de ne pas aliéner leurs partenaires stratégiques, pourrait forcer l’UA à renoncer à cette prise de parole, illustrant ainsi la complexité de concilier ambitions diplomatiques et équilibres régionaux.
Plusieurs diplomates africains ont exprimé leur mécontentement face à cette initiative, la qualifiant de « patate chaude ». Malgré l’ouverture de sept ambassades ukrainiennes sur le continent ces deux dernières années, la majorité des pays préfèrent maintenir une position de neutralité, craignant de voir leurs relations avec la Russie se détériorer davantage.
Les divergences au sein de l’Union africaine reflètent des enjeux géopolitiques complexes, où chaque décision est le fruit d’intérêts nationaux et historiques. Tandis que certains voient dans l’allocution une opportunité de renforcer les liens avec l’Ukraine, d’autres estiment que cette prise de parole risquerait de déstabiliser un équilibre déjà précaire, annonçant ainsi des débats qui marqueront sans doute les futures orientations diplomatiques du continent.