La Cour suprême du Venezuela a émis, lundi, un mandat d’arrêt contre le président argentin Javier Milei, suivi de près par la justice argentine qui a ordonné l’arrestation du président vénézuélien Nicolas Maduro. Ces décisions illustrent l’escalade des tensions entre les deux pays, chacun utilisant la justice pour cibler le chef d’État adverse.
La demande vénézuélienne, initiée par le procureur général Tarek William Saab, vise Javier Milei, la ministre de la Sécurité Patricia Bullrich et la secrétaire générale Karina Milei, les accusant de divers crimes liés à la saisie d’un avion vénézuélien en Argentine en juin 2022. Du côté argentin, le tribunal fédéral de Buenos Aires accuse Nicolas Maduro et 30 autres fonctionnaires vénézuéliens de crimes contre l’humanité, notamment de répression systématique et de torture.
Cet imbroglio remonte à juin 2022, lorsque l’Argentine a immobilisé un avion-cargo vénézuélien et détenu son équipage, comprenant des Iraniens liés aux Gardiens de la révolution. Les États-Unis, accusant une violation de sanctions, avaient ensuite exigé la saisie de l’avion, remis à Washington en février 2023 sous la présidence de Javier Milei. Ces événements ont attisé les tensions entre les deux pays, profondément divisés idéologiquement.
Ces mandats d’arrêt croisés pourraient aggraver les relations déjà fragiles entre le Venezuela et l’Argentine, qui ont rompu leurs relations diplomatiques en juillet. Les deux présidents, opposés sur le plan idéologique, échangent régulièrement des critiques virulentes. Cette escalade judiciaire pourrait conduire à une rupture totale de tout dialogue entre les deux nations.
La situation met en lumière l’utilisation du principe de compétence universelle par la justice argentine, un outil permettant de juger des crimes graves commis à l’étranger. L’activation de ce principe dans le cas de Nicolas Maduro et de ses fonctionnaires pourrait entraîner une mobilisation accrue d’Interpol et d’autres organismes internationaux.
Alors que la situation continue de se détériorer, les observateurs craignent que cette crise n’isole davantage le Venezuela sur la scène internationale et n’affecte l’Argentine dans ses relations avec d’autres pays latino-américains. Le manque de dialogue constructif entre Caracas et Buenos Aires risque de provoquer de nouvelles fractures dans la région.